Amnesty International a dénoncé, hier, dans son rapport régional annuel consacré à l’impunité au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (Mena) en 2018, la répression des manifestants et l’interdiction d’organiser des marches en Algérie pour protester contre le 5e mandat pour le président sortant Bouteflika. Évoquant les manifestations massives qui se déroulent depuis le 22 février dernier contre le 5e mandat du président Bouteflika, cette ONG a indiqué que “les autorités maintiennent une interdiction de facto sur les manifestations dans la capitale et ont, parfois, recours à une force excessive pour disperser les rassemblements pacifiques dans le pays”.
Pour Amnesty International, l’impunité et la répression continuent au Moyen-Orient et en Afrique du Nord où les gouvernements ont multiplié les violations des droits humains. Déplorant “l’effrayante complaisance de la communauté internationale”, l’ONG relève que “la répression des acteurs de la société civile et des opposants politiques a augmenté de manière significative en Égypte, en Iran et en Arabie saoudite (…) À travers la région, les autorités ont recours aux détentions arbitraires et à la force excessive contre les manifestants”, d’une part, et dénonce les “impitoyables campagnes de répression”, d’autre part, non sans souligner “l’indifférence du monde à l’égard des violations des droits humains commises dans la région et qui favorise les atrocités et l’impunité”. Par ailleurs, l’ONG dit être “très inquiète” quant à la situation qui prévaut au Maroc, notamment sur les volets des libertés d’expression et d’association, les conditions de jugement, ainsi que les répressions à l’encontre des personnes migrantes et réfugiées. À ce propos, ladite ONG a tiré la sonnette d’alarme sur la situation au Maroc où les manifestations pacifiques sont interdites et réprimées, où les procès inéquitables sont devenus monnaie courante, souvent suivies de détentions arbitraires de personnes.
En pointant du doigt les abus des autorités, Amnesty estime que la répression est devenue une constante dans la région du Maghreb. “Les autorités ont interdit des manifestations et/ou bloqué les activités d’associations
de la société civile ou d’organisations politiques en Afrique du Nord, notamment en Algérie, en Égypte et au Maroc”, insiste encore Amnesty International. Le rapport de cette ONG est la troisième réaction internationale après celle de l’ONG Reporters sans frontières (RSF) et du président tunisien Béji Caïd Essebsi, par rapport aux manifestations en Algérie où des centaines de milliers de citoyens, d’avocats, d’étudiants et de lycéens contestent ouvertement le 5e mandat pour le président sortant Bouteflika. En revanche, l’ONG note quelques avancées qui font office de “lueurs d’espoir” comme l’entrée en vigueur dans les pays du Maghreb de législations “visant à combattre la violence contre les femmes”.