Nous sommes partis à la découverte des traditions matrimoniales de Djerba, une île tunisienne où le temps semble s’être arrêté. Un voyage au cœur d’une cérémonie riche en symboles et en émotions, où chaque geste, chaque chant raconte une histoire millénaire.
La « hajba » : un rituel ancestral pour préparer la mariée
Les préparatifs d’un mariage djerbien débutent bien avant le jour J. La future mariée est plongée dans un cocon de douceur et de soins. Isolée du monde extérieur, dans une pièce spéciale du « menzel » (maison), elle est soumise à un rituel appelé la « hajba » (ce qui signifie littéralement, l’enfermement ou la claustration).
Chaque jour, son corps est enveloppé de miel et d’argile, un mélange ancestral censé purifier, embellir et blanchir la peau. Ces soins minutieux se poursuivent pendant plusieurs jours, transformant la jeune fille en une véritable princesse des mille et une nuits.
Parallèlement, la mariée est parée de ses plus beaux atours. Des robes somptueuses, aux couleurs chatoyantes et aux broderies délicates, sont soigneusement sélectionnées. Chacune d’elles symbolise une étape du mariage et révèle l’ingéniosité des artisans locaux. Les bijoux, quant à eux, sont de véritables œuvres d’art, transmis de génération en génération.
La jahfa : un palanquin somptueux pour une mariée d’exception
Le jour J, le village entier se rassemble pour assister à un spectacle d’une beauté inouïe : le cortège nuptial. Ce moment chargé d’émotion marque le début d’une nouvelle vie pour la jeune mariée.
Après une nuit de festivités rythmées par la musique et la danse, l’heure est venue pour la mariée de rejoindre son époux. Installée dans une « jahfa« , un somptueux palanquin orné de tentures colorées et porté par un chameau richement décoré, elle est le centre de toutes les attentions. Vêtue d’une « futa« , un habit traditionnel somptueux, et parée de bijoux anciens, elle incarne la beauté et la tradition.
Le cortège, digne des contes des Mille et Une Nuits, est une véritable œuvre d’art vivante. Des hommes vêtus de leurs plus beaux atours encadrent la « jahfa », tenant les coins d’un baldaquin. Le palanquin lui-même, appelé « chawla« , est recouvert de draps rouges et blancs, reliés par une ceinture en soie.
Cette procession lente et majestueuse traverse les ruelles du village, au rythme des chants mélodieux des « Chwachen », les chanteuses traditionnelles, dont les voix portent les vœux de bonheur aux jeunes mariés.
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El « jahfa » est plus qu’un simple transport ; c’est un cortège symbolique qui conduit la mariée vers sa nouvelle demeure. La foule qui accompagne la mariée est composée de proches et de membres de la communauté. Les hommes et les garçons marchent en tête de la procession, tandis que les femmes et les filles ferment la marche, créant ainsi un cercle protecteur autour de la jeune mariée.
Les Chwachen : les gardiennes de la mémoire et de la tradition
Ce qui rend les mariages à Djerba si particuliers, ce sont les « Chwachen« , ces chanteuses traditionnelles dont les voix mélodieuses accompagnent chaque étape de la cérémonie, créant une ambiance festive et authentique.
Les « Chwachen » sont bien plus que de simples chanteuses. Elles sont les gardiennes de la mémoire collective. Leurs voix envoûtantes transportent l’assistance dans un univers enchanté. Les chants qu’elles interprètent évoquent l’amour, la famille, les joies et les peines de la vie. Chaque parole est chargée de sens et transmet les valeurs ancestrales de la communauté djerbienne.
La cérémonie de la Jelwa : la mariée au cœur de tous les regards
Une fois arrivée à destination, la mariée participe à la « Jelwa », une cérémonie au cours de laquelle elle est exposée aux regards admiratifs des invitées. Vêtue de ses plus beaux habits, elle est installée dans la cour intérieure de la maison, face à la « qibla » (direction de La Mecque).
Les femmes du village se rassemblent autour d’elle, l’admirant et lui adressant des vœux de bonheur. La mariée, les mains levées à hauteur des épaules, tourne ses paumes vers les spectatrices, dans un geste symbolique d’ouverture et de bénédiction.
Musique et danse : le cœur battant d’un mariage djerbien
La musique et la danse étaient au centre de cette célébration haute en couleur. Les musiciens, maîtres de la darbouka et de la flûte, ont su nous transporter avec leurs mélodies envoûtantes. L’ambiance était à la fois festive et authentique.
Ce qui nous a le plus frappés, c’est l’énergie débordante des danses. Les mouvements étaient rapides, les pas précis et les costumes chatoyants. Impossible de résister à l’envie de se joindre à la fête !
D’ailleurs, nous avons vite compris que dans un mariage djerbien, la participation de tous est de rigueur. On ne peut pas être simple spectateur, il faut danser ! C’est une expérience inoubliable que nous recommandons à tous ceux qui souhaitent découvrir la richesse culturelle de la Tunisie
Un patrimoine vivant : préserver les traditions pour les générations futures
Les mariages traditionnels de Djerba sont bien plus qu’une simple fête. Ils sont le reflet d’un patrimoine culturel riche et complexe, transmis de génération en génération. Chaque élément de la cérémonie, des costumes aux chants, en passant par les bijoux, est chargé de symboles et renvoie à un passé lointain. Malgré les évolutions de la société, les Djerbiens sont attachés à leurs traditions et s’efforcent de les préserver pour les générations futures.
En conclusion, assister à un mariage traditionnel à Djerba, c’est plonger dans un univers envoûtant où le temps semble s’être arrêté. C’est découvrir une culture millénaire, riche en symboles et en émotions. C’est aussi un témoignage de la résilience d’un peuple qui, malgré les épreuves de l’histoire, a su préserver ses traditions et les transmettre aux générations futures.