La ville de Marseille, symbole de l’immigration d’Afrique du Nord, a lancé jeudi les travaux d’une grande mosquée, dotée d’un minaret de 25 mètres de hauteur, en plein débat en France sur la place de l’islam dans la société. La première pierre de la Grande mosquée de Marseille a été posée jeudi dans le nord de la ville, mais l’association chargée de sa construction doit encore résoudre la difficile équation du financement des travaux.
«Ce projet a été long à se mettre en route mais son aboutissement ne fait plus aucun doute», s’est félicité Nourredine Cheikh, président de l’association «La Mosquée de Marseille».
«Je suis confiant dans l’avenir, je demande à tous les musulmans, particulièrement ceux de Marseille, de bien mesurer l’enjeu fondamental que constitue notre mosquée pour se rassembler, accompagner jusqu’au bout sa construction et la défendre», a poursuivi M. Cheikh.
La pose de cette première pierre ne constitue qu’une nouvelle étape avant le début effectif des travaux «en février 2011» pour une «livraison du bâtiment prévue en janvier 2012 et l’ouverture au public en octobre 2012″, selon Maxime Repaux, l’un des architectes du projet.
La communauté musulmane représente plus de 200.000 personnes dans une ville qui compte environ un million d’habitants. Elle attend cette grande mosquée depuis 60 ans, selon ses responsables. La Grande mosquée et sa salle de prière de 2.500 m2 doivent être érigées sur le site d’anciens abattoirs situés dans le nord de la ville, sur un terrain de 8.600 m2 que l’association loue à la ville pour 24.000 euros l’année.
Cette pose de la première pierre intervient au lendemain de l’adoption par le gouvernement français d’un projet de loi interdisant le port par les femmes du voile islamique intégral.
Ce texte a suscité un malaise dans la communauté musulmane de France, la plus nombreuse d’Europe avec 5 à 6 millions de membres, qui craint d’être ainsi stigmatisée. Cette question sur le port du voile intégral fait suite à un grand débat sur l’«identité nationale», lancé à la fin de l’an dernier par le gouvernement et qui a été vécu comme un débat sur l’immigration et la place de l’islam en France.
La question des minarets, interdits par referendum en Suisse, s’est aussi posée en France, mais le débat a pris très peu d’ampleur. «Cette pose de première pierre était symbolique pour réunir dans une grande cérémonie l’ensemble des pays musulmans et finaliser les engagements et la participation des différents Etats qui doit se faire, je pense, dans les prochains mois», a expliqué M. Cheikh. Au total, l’association doit trouver 22 millions d’euros.
Jeudi, les consuls généraux du Sénégal, d’Egypte, d’Indonésie, de Tunisie, du Maroc, de la Syrie, du Liban, de la Libye et de la Turquie étaient présents. Une réunion entre eux et les représentants de l’association devait se tenir pour dessiner les contours des engagements des Etats, selon Makhete Cissé, vice-président de l’association.
L’ambassadeur d’Algérie, Missoum Sbih, était également venu à Marseille. «C’est pour montrer son attachement aux valeurs de l’islam et témoigner de l’importance qu’elle accorde à la communauté algérienne qui vit à Marseille et sa région, que l’Algérie a décidé de s’associer à l’effort collégial pour que ce projet voit finalement le jour», a déclaré M. Sbih.
«La disponibilité de mon pays reste entière pour contribuer au succès de ce projet au plan moral, financier et matériel, mais aussi par la mise à disposition, le moment venu, des ressources humaines adéquates, en particulier des imams formés, maîtrisant aussi bien la langue arabe que la langue française», a-t-il ajouté.