Le 17 octobre 1961 a eu lieu un odieux crime contre l’humanité, ayant coûté la vie à des centaines d’Algériens. En effet, ce jour-là, les forces de police françaises ont arrêté, torturé, noyé et assassiné des Algériens qui manifestaient pacifiquement à Paris contre le couvre-feu discriminatoire que leur avait imposé le Gouvernement de l’époque. Toutefois, 61 ans après les faits, la France n’a toujours pas reconnu le crime d’État.
Le 17 octobre 1961 a eu lieu le massacre de plusieurs centaines d’Algériens assassinés par les autorités françaises lors d’une manifestation pacifique organisée à Paris par la fédération de France du FLN. La manifestation portait sur la revendication des droits des Maghrébins, notamment des Algériens qui réclamaient la levée du couvre-feu appliqué et exigé par le préfet de police de la capitale, Maurice Papon.
Le massacre et l’assassinat de centaines d’Algériens marquera à jamais la journée de ce 17 octobre de l’année 1961. Cependant, et durant plusieurs années, le bilan officiel faisait état de seulement trois personnes mortes. Après une réévaluation, il a compté « au moins 48 morts ». Néanmoins, les historiens spécialistes de cette sombre et sanglante période estiment que le nombre de morts dépasse amplement la centaine (de 100 à 200 Algériens tués et plusieurs centaines de blessés et de disparus).
Pendant longtemps, les autorités françaises, qui occultaient ce massacre, ont ignoré cet événement. Encore aujourd’hui, celui-ci n’est avoué qu’à moitié. Le 12 février 1999, le parquet de Paris mis des mots sur ce drame et avait qualifié cet évènement de « massacre », mais cela ne suffit pas. Les familles des victimes, les historiens, mais aussi les personnes ayant assisté de près ou de loin aux évènements du 17 octobre 1961, demandent la reconnaissance de ces actes comme étant « un crime raciste » et un « crime d’État ».
D’autant plus qu’en juin dernier, le média français Mediapart avait levé le voile sur des documents officiels inédits de la Présidence de la République française, prouvant que Charles de Gaulle et l’Élysée étaient informés des crimes perpétrés le 17 octobre 1961 à Paris contre les manifestants algériens.
61 ans après la tragédie, la France appelée à reconnaître le crime d’État
Dans un communiqué relayé et signé par la Ligue des droits de l’Homme (LDH), plusieurs associations sont revenues sur les massacres du 17 octobre 1961. Affirmant que 61 ans après, « la vérité est partiellement en marche ». Car, « la France n’a toujours pas reconnu sa responsabilité dans les guerres coloniales qu’elle a menées – en particulier la Guerre d’Algérie – non plus que dans le cortège de drames et d’horreurs qu’elles ont entraînés, comme ce crime d’État que constitue le 17 octobre 1961 ».
D’après la même source, il est nécessaire de prendre des mesures significatives, notamment à travers « la création d’un lieu de mémoire voué à cet événement, l’ouverture de l’accès aux archives ou encore la révélation de la vérité sur l’organisation criminelle de l’OAS que certains au sein de la droite et extrême droite politique veulent réhabiliter ».
En outre, les signataires estiment qu’il est temps que « le Président français de la République, au nom de la France, confirme, par un geste fort, la reconnaissance et la condamnation de ce crime d’État. Comme il l’a fait en septembre 2018 pour l’assassinat de Maurice Audin, et en mars 2021 pour celui de maître Ali Boumendjel par l’armée française et pour l’existence d’un système de torture généralisé ».
Massacre du 17 octobre 1961 : lettre ouverte à Emmanuel Macron
Par le biais du magazine français qui traite de l’actualité du Maghreb en Europe « Le courrier de l’Atlas » ; Mehdy Belabbas et Halima Menhoudj ont adressé une lettre ouverte à Emmanuel Macron. Plusieurs personnalités du « monde associatif et politique » ont également signé ladite lettre ; à l’instar de Pierre Audin, fils de l’historien et militant anti-colonialiste Maurice Audin.
Dans cette lettre, ils rappellent les mots du Président lors de sa visite à Alger, quand il avait qualifié ce passé de « commun », « complexe » et « douloureux ». D’ailleurs, ils saluent le geste du Président français de l’année dernière en marge de la commémoration du massacre du 17 octobre 1961.
Car, rappelons-le, l’année dernière, Macron avait observé une minute de silence sur les berges de la Seine à Colombes (Hauts-de-Seine) à côté du pont de Bezons, là où la police française avait « jetés » les corps de manifestants du Front de libération nationale (FLN) le 17 octobre 1961.
Néanmoins, les signataires de cette lettre « constatent qu’il reste beaucoup à faire pour aboutir à la reconnaissance et à l’acceptation de la vérité historique des massacres du 17 octobre 1961 par toutes et tous ».
Selon leur demande, le Président de la République française doit « inscrire la journée du 17 octobre au calendrier officiel des journées nationales et des cérémonies officielles », pour que cette reconnaissance soit totale.