Soixante ans après les massacres du 17 octobres 1961 ; des archives déclassifiées révèlent que le Président français de l’époque, Charles de Gaulle, était au courant de tout ; pourtant, il avait maintenu en poste le préfet de police de Paris, Maurice Papon ; et les Ministres responsables de ces crimes odieux.
Dans une nouvelle enquête ; le média français, Mediapart, a levé le voile sur des documents officiels inédits de la Présidence de la République française ; prouvant que Charles de Gaulle et l’Élysée étaient informés des crimes perpétrés le 17 octobre 1961 à Paris à l’encontre de manifestants algériens.
Intervenant sur France 24 ; Fabrice Arfi, journaliste de Mediapart, a expliqué que « la consultation de ces archives sur la guerre d’Algérie a permis l’accès à des documents de la présidence de Charles de Gaulle » ; en y ajoutant le fait que « ces documents prouvent que le Président français de l’époque avait été informé des crimes commis ; autrement dit, de la participation de la police dans ce crime d’État et de l’ampleur de cette tragédie ».
Que révèlent les archives déclassifiées sur les massacres du 17 octobre 1961 ?
Depuis une soixantaine d’années ; le bilan « officiel » des autorités françaises fait état de trois morts lors des manifestations d’octobre 1961, dont deux Français musulmans d’Algérie et un Français. Cependant, les archives déclassifiées publiées par Mediapart font état de pas moins de 54 morts pour cette sanglante nuit du 17 octobre.
En effet, une note rédigée par le conseiller du général de Gaulle pour les affaires algériennes, Bernard Tricot à l’attention du Président de Gaulle ; datant du 28 octobre 1961, indique « qu’il y aurait 54 morts ». « Les uns auraient été noyés, les autres étranglés, d’autres encore abattus par balles », avait écrit le haut fonctionnaire.
Dans sa note au Président ; Bernard Tricot avait souligné le fait que « l’ouverture d’instructions judiciaires » ; notant, dans ce même sens, que « malheureusement, ces enquêtes pourraient aboutir à mettre en cause certains fonctionnaires de police ».
Ainsi, cette note affirme la désignation des responsables de ces crimes au lendemain même des faits. Dans une seconde note, datant du 6 novembre de la même année ; Bernard Tricot avait écrit : « Il importe beaucoup, semble-t-il, que le gouvernement prenne dans cette affaire une position qui, tout en cherchant à éviter le plus possible le scandale, montre à tous les intéressés que certaines choses ne doivent pas être faites et qu’on ne les laisse pas faire ».
Massacres du 17 octobre 1961 : un crime impuni
Dans une réponse manuscrite ; de Gaulle avait assuré « l’impératif de mettre la lumière sur ces faits et de poursuivre les coupables ». Seulement, aucun d’entre eux ne sera démis de ses fonctions et leurs odieux crimes resteront à jamais impunis.
C’est notamment le cas du préfet de police de Paris, Maurice Papon ; qui avait nié les violences policières commises cette nuit-là. Papon n’a jamais été poursuivi en justice ou démis de ses fonctions. En 1998, il avait été condamné pour complicité de crimes contre l’humanité liés à la déportation de juifs durant la deuxième guerre mondiale.
En 2021, à l’occasion de la célébration du 60e anniversaire des massacres ; le Président français, Emmanuel Macron, avait dénoncé « ces crimes inexcusables » ; révélant « l’arrestation et le transfert dans des centres de tri de près de 12 000 Algériens » ; outre les nombreuses personnes blessées et assassinées ».
Plusieurs décennies après les faits ; les familles des victimes, les témoins du drame, les historiens ou encore les associations revendiquent la reconnaissance d’un « crime d’État » et l’introduction de cet épisode sombre dans l’Histoire de la France.