Le scénario était pressenti. Le forfait de Rafael Nadal au Masters 1000 de Paris, jeudi, laissait craindre la suite.
Toujours blessé aux abdominaux, l’Espagnol n’ira pas à Londres pour le Masters, assurant du coup Djokovic, auteur d’une remontada hors-normes depuis cet été, de finir la saison numéro un mondial. Il y a des couronnements plus nobles. Celui de Novak Djokovic méritait peut-être mieux qu’un tweet de son principal concurrent, encore mathématiquement en course pour le déloger lors du tout dernier tournoi de l’année. Mais cette saison les blessures ont joué un rôle crucial dans cette bagarre entre le Serbe et l’Espagnol. Il était presque écrit qu’elles arbitreraient la fin de saison. Ce sont donc les abdominaux de Nadal qui ont définitivement clôturé leur duel. L’Espagnol, bien décidé à effectuer son retour à Paris après près de deux mois d’absence suite à son abandon en demi-finale de l’US Open début septembre, a sans doute forcé un peu trop. Une petite lésion détectée lors d’une IRM après plusieurs jours d’entraînement l’avait contrait à renoncer mercredi. Un coup dur pour l’Espagnol.
Djoko irrésistible depuis l’été
Ce forfait avait du coup permis à Djokovic, éjecté du top 20 en juin, mais irrésistible depuis cet été avec deux Grand Chelem (Wimbledon, US Open) et deux Masters 1000 (Cincinnati, Shanghaï), glanés à la suite, de s’assurer de récupérer la place de numéro un mondial. Le Serbe, auteur d’une incroyable série et qui n’avait plus perdu un match depuis le début du mois d’août (face au Grec Tsitsipas à Toronto), avec 22 victoires d’affilée et une demi-finale dantesque face à Federer samedi à Paris, a craqué dimanche en finale face à la révélation russe Karen Khachanov. Cette défaite avait entrebaillé la porte du suspense pour Londres. L’espoir de voir Djokovic et Nadal s’expliquer lors du Masters était du coup attendu avec gourmandise. Mais le couperet est tombé sur Twitter: «Ces mots marquent ma fin de saison. Ça a été une saison compliquée, très bonne au niveau tennistique quand j’ai été en mesure de jouer, et à la fois très mauvaise en termes de blessures», a posté l’Espagnol. Le Majorquin a effectivement connu une saison gâchée par les blessures: il avait dû abandonner en quarts de finale de l’Open d’Australie (jambe) et, après n’avoir repris qu’en avril, il avait de nouveau abandonné en demi-finales de l’US Open début septembre (genou droit). Finalement, il n’aura joué que près de 6 mois cette saison. Son problème aux abdominaux n’a pas été réglé à temps. Nadal en a alors profité pour subir une arthroscopie à la cheville droite, de temps en temps douloureuse. Une sage décision, mais qui donne un goût amer à cette fin de saison et laisse un peu sur leur faim les amateurs de tennis.
Revanche à Wimbledon
Les deux monstres ne se sont affrontés que deux fois cette saison. A Rome en mai, Nadal avait battu en deux sets (7-6, 6-3) un Djokovic encore convalescent après s’être fait opérer du coude droit en février, et en quête de son meilleur niveau. Ce match avait toutefois laissé poindre les signes de la renaissance du Serbe qui avait tenu le rythme lors du premier set. Mais leur revanche à Wimbledon quelques semaines plus tard avait elle atteint des sommets. Djokovic, vainqueur en cinq sets 10-8 lors de la dernière manche après 5h de jeu, y a sans doute puisé la confiance qui n’allait plus le quitter par la suite. Le Serbe devient du coup le seul joueur de l’histoire à finir numéro un mondial en partant au-delà de la 20e place dans la saison. Un exploit que même la blessure de Nadal ne pourra pas lui enlever.