Maturité tunisienne

Maturité tunisienne

Daech, ce monstre transnational au visage de terreur, a frappé mardi au cœur de Tunis en ciblant un transport de la garde présidentielle. Tout un symbole ! Cet attentat ignoble a fait au moins douze morts qui viennent ainsi allonger la liste macabre des victimes de cette organisation terroriste, tombées à Beyrouth, au Sinaï, à Paris et à Bamako.

La Tunisie est devenue la cible privilégiée des jihadistes qui avaient déjà attaqué le musée du Bardo puis une plage à Sousse. Pourquoi la Tunisie ? La réponse est simple. Parce que ce pays est le seul où “le Printemps arabe” a donné naissance à un projet politique structurant qui tranche radicalement avec la situation de chaos que vivent les autres pays comme la Syrie, la Libye, le Yémen et, à des degrés moindres, l’Égypte. C’est l’expérience tunisienne de transition politique, démocratique et pacifique qui dérange ce groupe terroriste et ses commanditaires politiques et financiers, probablement, les plus prompts à avoir condamné, hypocritement, l’attentat. Il va sans dire, malheureusement, que ce nouvel acte de violence islamo-terroriste risque d’avoir un impact désastreux sur le tourisme, un secteur locomotif de l’économie tunisienne, déjà en berne avec la fermeture de dizaines d’hôtels, faute de clients. Mais le peuple tunisien, qui a donné une leçon magistrale de maturité politique en s’interdisant de verser dans l’engrenage de la violence, en surmontant aussi les conséquences des actes terroristes, saura trouver dans son génie des ressorts pour, encore une fois, tourner vite la page de la tragédie pour reprendre le cours normal de la vie. Et ce sera sans doute la meilleure des façons de répondre aux semeurs de la mort. À ce propos, il convient de saluer, à juste titre, la décision des autorités culturelles tunisiennes de maintenir, avec quelques légers aménagements, liés à l’état de siège, les Journées cinématographiques de Carthage. “C’est notre façon de répondre à la dictature obscurantiste”, clame Ibrahim Letaïef, le responsable des JCC.