MC Alger : Derrière le sacre, des hommes

MC Alger : Derrière le sacre, des hommes

Meilleure défense avec 22 buts encaissés, deuxième meilleure attaque (50 buts) à une unité de l’ESS, plus grand nombre de victoires (18), plus petit nombre de défaites (4) et à la clé le titre de meilleur buteur pour Bouguèche (17 buts).

Le Mouloudia d’Alger, qui a terminé sa saison face au MSP Batna comme il l’avait commencée devant l’USM Annaba avec un festival offensif (4-0), est sans conteste un beau champion. Le sacre est d’autant méritoire qu’avant l’entame de la saison rien ne destinait le doyen à cette issue.



Les sempiternelles guerres à la tête du club faisaient rage, l’équipe souffrait, comme de coutume, d’un problème de domiciliation, la liste des recrutés ne comportait aucun nom de stars et pour boucler la boucle, le début de l’exercice verra le boycott de quatre éléments (Mokdad, Khenniche, Bouabdellah, Hadjadj) alors que la tour de contrôle de la défense, le Malien Moussa Coulibaly, était sommé par les nouveaux règlements de la FAF de quitter ses camarades en plein milieu de la saison et l’artisan du renouveau, le coach français Alain Michel poussé vers la porte de sortie par ses dirigeants à la fin de la phase aller.

C’est dire l’exploit des «minots» du MCA qui auront trôné sur la compétition quasiment le long du parcours, si l’on excepte leur position de deuxième, l’espace d’une journée, après la défaite face au richissime concurrent sétifien. Derrière ce couronnement, qui survient après onze longues années d’attente, deux hommes émergent.

Le premier, Alain Michel aura donné à l’équipe une âme. Partisan du beau jeu et du travail en bloc, le technicien français aura marqué de son empreinte son passage au doyen des clubs algériens. En dépit de l’absence d’outils de travail, d’infrastructures propres au club, Michel a fait d’une équipe sans stars, un collectif à la maîtrise tactique appréciable.

L’œuvre du coach a été entamée l’année dernière. Assurant au doyen une cinquième place alors qu’il avait pris les rênes du club au moment où le MCA se morfondait dans les profondeurs du classement, le coach a pu, au fur et à mesure, lancer dans le bain de nombreux jeunes tels que la révélation Bouchema, Bedbouda, Amroun ou Bensalem.

Des jeunes qui s’avéreront un placement sûr. Ensuite, en réalisant, dès juillet, une préparation qui devait mettre au point les automatismes. Un impératif qui s’imposait du fait que le Mouloudia, en sus des nombreux jeunes promus, enregistrait l’arrivée de trois joueurs émigrés, du gardien de l’USMA Zemmamouche, de l’avant de la JSK, Derrag, du latéral droit de l’USMB Senouci, et des deux Nahdistes, le libero Kheddis et le milieu Attafen.

L’osmose entre les nouveaux arrivants, la classe biberon et les anciens n’était pas du tout évidente. Et le grand succès de Michel aura été justement d’inculquer l’esprit de groupe, un enthousiasme à nul autre pareil et une cohésion à son équipe. Et ce, malgré la bouderie des trois franco-algériens qui quitteront définitivement le navire Vert et Rouge avant même l’entame de la saison pour une histoire de prime de signature non versée.

Malgré tous ces aléas et la diminution de son effectif, Michel emmènera son team au sommet du classement. Son départ mystérieux et incompréhensible au mercato d’hiver, en même temps que Coulibaly, coïncidera avec la période de doute du MCA, matérialisée par une série de contre performances (USMH, MCO, JSMB…) qui permettront à l’Entente de Sétif de réduire considérablement son retard et de faire douter staff, joueurs et supporters.

Le Mouloudia ne devra d’ailleurs son salut qu’à la leçon de respect d’éthique du WA Tlemcen. C’est dire que lors de la phase retour, l’absence d’Alain Michel s’est faite vraiment sentir. Cela n’enlève rien au mérite de son successeur, Bracci, qui avec un football moins efficace aura contribué au septième sacre du club phare de la capitale. Second personnage clé du succès mouloudéen, Ghrib.

Ce dernier coopté président de section prendra au fur et à mesure du déroulement de la saison de plus en plus de prérogative jusqu’à éclipser (évincer ?) le président élu Amrous et s’avérera la véritable cheville ouvrière du club.

Artisan du recrutement judicieux d’avant-saison, il se démènera comme un beau diable pour pourvoir le Doyen en rentrées financières à même d’assurer le bon fonctionnement du club. Sous sa houlette, le mouloudia enregistrera l’arrivée de nombreux sponsors (Opel, Nessma, Soummam…).

Dans cette, liste il faudrait aussi mettre en exergue le travail fructueux effectué par les différents staffs techniques et administratifs au niveau des jeunes catégories qui aura permis l’éclosion de nombreux talents à l’image de Bouchema, Koudri, Bensalem, Bedbouda, Amroun, Daoud, Moumen, Kabla, Slimani et bien d’autres. Avec tous ces jeunes qui promettent, l’avenir pour le dernier champion d’avant le professionnalisme s’annonce radieux. Pour peu que les sempiternelles guerres de clans se taisent.

Liesse Djeraoud