Les praticiens à diplôme hors Union européenne (PADHUE) jouent un rôle essentiel dans le système de santé français. Pourtant, malgré leur contribution indispensable, ces professionnels, dont une grande partie sont algériens, se heurtent à des difficultés majeures pour obtenir une reconnaissance officielle et un statut stable. Entre sélection rigoureuse au concours de régularisation et conditions de travail précaires, leur avenir demeure incertain.
Depuis plusieurs années, la France fait face à une pénurie de personnel médical, en particulier dans certaines spécialités et en milieu hospitalier.
Pour combler ce déficit, les hôpitaux ont massivement recruté des médecins étrangers, notamment algériens, qui exercent souvent sous des statuts temporaires.
Beaucoup sont en charge de la formation des internes, assurent des gardes, et participent pleinement à la prise en charge des patients.
Pourtant, leurs diplômes ne sont pas reconnus au même titre que ceux de leurs collègues européens.
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Ce statut incertain impacte directement leurs conditions de travail et de vie. Leurs contrats, souvent limités à six mois renouvelables, les maintiennent dans une insécurité permanente.
De plus, leurs rémunérations sont bien inférieures à celles de leurs homologues français, oscillant entre 1 400 et 2 200 euros nets par mois, malgré une charge de travail identique, voire supérieure.
Un concours controversé pour une régularisation attendue
Afin de pouvoir continuer à exercer légalement, les PADHUE doivent réussir les épreuves de vérification des connaissances (EVC), un concours hautement sélectif.
En 2024, près de 10 000 candidats se sont présentés à ces épreuves, dont 7 000 déjà en poste en France.
Seulement 3 800 ont été admis, bien que 4 000 postes aient été ouverts. Une liste complémentaire a été mise en place, mais celle-ci n’offre aucune garantie d’intégration.
Les syndicats et associations dénoncent le caractère inégal de ce concours, qui attribue des notes minimales variables selon les spécialités et les années.
Certains candidats ayant obtenu des moyennes honorables (12 ou 14/20) ont été recalés, laissant place à une profonde incompréhension et un sentiment d’injustice.
Face à ces critiques, le ministre de la Santé Yannick Neuder a annoncé une réforme du concours EVC pour 2025.
Cette nouvelle version devrait simplifier la procédure de régularisation, en particulier pour les PADHUE déjà en poste en France, via la création d’une « voie interne simplifiée ».
Un appel à l’aide des médecins algériens
Malgré ces annonces, le malaise persiste. Le docteur Abdelhalim Bensaidi, diabétologue algérien exerçant en Île-de-France, est l’un des visages de cette lutte.
Invité sur le plateau de l’émission « Le Mag de la Santé » sur France 5, il a livré un témoignage poignant sur la réalité des PADHUE en France. « On fait les mêmes actes médicaux que nos collègues européens, mais sans reconnaissance, ni inscription à l’Ordre des médecins. »
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Dénonçant la précarité et les salaires indécents (parfois aussi bas que 1 500 euros nets), il a averti qu’il envisageait une grève de la faim si aucune mesure concrète n’était prise.
Une action radicale qui illustre le désespoir croissant au sein de cette communauté médicale essentielle au système de santé français.
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Vers une solution durable ?
Alors que les revendications se multiplient, les médecins étrangers espèrent que les promesses de l’exécutif ne resteront pas lettre morte.
En janvier 2024, Gabriel Attal, alors Premier ministre, avait annoncé une régularisation des PADHUE, mais ces engagements n’ont toujours pas été concrétisés.
Si la réforme de 2025 promet d’améliorer la situation, elle doit aller au-delà d’une simple adaptation du concours EVC. Une réflexion plus large sur l’intégration des médecins étrangers est indispensable, notamment pour combler les déserts médicaux.