À un peu plus de vingt-quatre heures du décisif rendez-vous face aux Russes de Fabio Capello, le vice-capitaine de la sélection nationale, Medhi Lacen, évoque, dans cet entretien, les précautions à prendre pour passer aux huitièmes de finale et révèle la teneur du discours que lui et les anciens du groupe tiendront aux Bentaleb, Mandi, Taïder and co.
Liberté : À la faveur du déjà historique succès face à la Corée du Sud, l’Algérie est désormais à un point d’une qualification tout aussi historique…
Medhi Lacen : C’est exactement cela, nous ne sommes pas loin d’obtenir une qualification pour le deuxième tour. Il faut encore un point mais il ne faut pas oublier que si nous perdons ce match, la victoire face à la Corée sera oubliée. Nous avons fait la moitié du chemin, il nous en reste encore une moitié pour réussir quelque chose d’historique.
Comment gérer alors la pression d’un tel enjeu, d’autant plus que les rendez-vous s’enchaînent ?
Ça s’enchaîne, c’est vrai et il n’est pas facile de jouer, de revenir au camp de base puis de repartir de nouveau. Mais derrière, il faut oublier tout ça, la fatigue par rapport aux matches, la lassitude mentale due au fait d’enchaîner tout le temps les voyages. Il ne faut pas non plus oublier tout ce que nous avons vécu derrière. C’est quelque chose d’historique. Tout le groupe des vingt-trois et l’ensemble du staff sont mobilisés pour bien préparer ce dernier match de poule face à la Russie.
Il faudra toutefois bien corriger les erreurs défensives et éviter au maximum ces passages à vide comme celui vécu face à la Corée au retour des vestiaires…
Nous essayons toujours d’améliorer ce qui n’a pas, ou peu marché par rapport au dernier match joué. Maintenant, ces passages à vide, toutes les équipes, même les plus grandes au monde l’ont à un moment ou à un autre d’une rencontre. Face à la Corée, nous menions par trois buts à zéro à la mi-temps. C’est donc un peu logique que la Corée sorte forte des vestiaires pour la deuxième mi-temps et essaye de revenir au score. De fait, les passages à vide, il y en aura toujours mais nous ferons tout pour qu’ils soient les plus courts possibles.
Que vous inspire votre prochain adversaire, la Russie ?
C’est une grosse équipe. Nous oublions un peu trop vite que les Russes ont terminé premiers de leur groupe de qualification pour cette Coupe du monde, qu’il y a un coach expérimenté derrière. Capello, nous l’avons, certes, eu en face en 2010 et nous avons réussi à faire match nul. Si nous réussissons, cette fois, le même résultat, ce sera le top. Mais je pense que nous ne sommes pas une équipe qui joue pour faire match nul. Nous l’avons vu contre la Belgique. Nous sommes une équipe pour faire le jeu, pour gagner. C’est ce que nous tenterons de faire et puis nous verrons ce que cela donnera.
À voir le groupe s’entraîner, nous ne sentons pas cette euphorie de la victoire face aux Sud-Coréens, mais plutôt de la motivation, de la concentration…
Justement, nous n’avons encore rien fait. Certes, c’est une victoire après trente-deux ans de disette, ce qui est bien. Mais comme je le disais, si par malheur nous perdions ce match face aux Russes, ce serait très très vite oublié. Au final, ce que nous voulons et voulions depuis le début — peu importe contre qui nous gagnons — c’est toujours la qualification. Maintenant, c’est possible, il faut tout faire pour concrétiser cet objectif.
Pas trop marqués physiquement par la grande débauche d’énergie lors des deux premiers matches ?
Pour ça, il n’y aura pas de problèmes. L’équipe est prête. Nous avons des joueurs qui savent gérer aussi. Après, il y a l’aspect mental qui est très important pour un match comme celui-là, d’autant plus que ce genre de rencontre ne se joue pas que dans les jambes, mais également dans la tête.
Les anciens du groupe, dont vous faites partie, ont déjà vécu pareil scénario en 2010. Quel sera, de fait, la teneur du discours destiné à vos jeunes coéquipiers ?
Nous aussi, en 2010, avions la possibilité, lors du dernier match, de nous qualifier directement si nous battions les États-Unis par deux buts d’écart. Nous nous sommes un peu précipités et nous avons perdu. Là, la situation est un peu différente, l’équipe l’est tout aussi. Nous tenterons surtout de mettre en confiance tout le monde, leur dire que c’est un match très important, sans pour autant que l’enjeu nous dépasse ou nous paralyse les jambes.