e président de l’ordre des pharmaciens Rafik Babahmed a estimé, hier, mardi, qu’il n’y a pas de pénurie de médicaments en Algérie.
Il a expliqué, à la radio nationale qu’ «’il n’y a pas de pénurie de médicament, mais des ruptures récurrentes.» «On ne peut dire que nous sommes dans une pénurie comme avant, mais il y a des problèmes dus à des signatures tardives sur des programmes, qui tardent à se mettre en place», a t-il répondu pour éluder la problématique de la pénurie de médicaments. «La problématique est que tous les arbitrages en termes de prix, de produits, de disponibilité se font au moment de la signature des contrats programmes, ce qui provoque des tensions terribles sur l’Autorité de régulation.» «Ce qu’on demande, est que le niveau de régulation soit plus complet ou que l’importation et la négociation des prix se fassent durant toute l’année. Il faut aller vers une politique conventionnelle avec les laboratoires, et leur imposer de fabriquer localement, produire pour le pays, et l’export, pour le continent», souligne M. Babahmed, selon lequel «on ne peut demander à un laboratoire de mettre en place une unité de production de 5 millions d’euros, puis remettre en cause ses médicaments.» «Il s’agit de mettre en sécurité nos malades, il faut que nos intérêts soient, pleinement, assurés, et permettre à l’Algérie de diversifier ses devises avec une plate-forme de production pour la région», affirme-t-il. M. Babahmed est par ailleurs, favorable à l’exportation de médicaments, «mais avant, il faut satisfaire le marché interne. Il faut créer les conditions de l’exportation». Sur les importations informelles de médicaments, il a «salué la décision des autorités pour la fermeture des herboristeries qui vendent des compléments alimentaires, un mélange d’herbes avec des médicaments.» Il a, également, pointé du doigt «la contrebande frontalière de médicaments», rappelant la signature «avec nos partenaires maghrébins d’un accord, et ce protocole sera signé avec les pays africains, pour signaler, à chaque fois, les médicaments provenant du pays voisin.» «L’importation frauduleuse du médicament, cela existe, les pharmaciens auteurs de ces infractions encourent une peine de dix ans de prison.» S’il y a des ruptures et des dérégulations du marché, «ce n’est pas au pharmacien de réguler cela avec des médicaments importés inconnus et non remboursés.» «Il ne faut pas qu’ils s’adonnent à ces pratiques, et avec la mise en place de l’Agence du médicament, il y aura la mise en place de la régulation, et on espère que ces pratiques cesseront. Il faudrait recentrer une gestion de la problématique qui intègre le médecin, les pharmaciens et les autorités pour lutter contre ce phénomène de la contrebande du médicament». Il signale qu’il y a eu des sanctions, dont des «radiations de collègues». «A chaque fois que nous sommes saisis de ces dossiers (contrebande de médicaments, Ndlr), nous sévissons. Il y a une soixantaine de cas, c’est comme dans les autres secteurs et toute cette contrebande s’intéresse à notre secteur, et si on ne reste pas vigilants, cela pourrait remettre en cause la traçabilité que nous sommes en train de mettre, en place dans notre pays», a-t-il expliqué. Il a, par ailleurs, souligné que le siège de l’Agence africaine du médicament va être installé, à Alger, en marge du 18ème Forum pharmaceutique africain, prévu du 14 au 16 mai prochains. Il a indiqué qu’en Algérie, «nous disposons d’une industrie pharmaceutique développée avec 88 unités de production et 5 autres qui arrivent.
On a l’avantage de disposer d’un outil de contrôle de qualité très développé référencé à l’OMS, avec un système de sécurité sociale et une Agence du médicament.» Il a ajouté qu’ «on dispose, donc, de tous les atouts pour un rôle majeur, en Afrique et pour le développement du médicament, en Afrique.»
Selon M. Babahmed, plus de 3.000 participants de 32 pays du continent sont attendus à ce forum africain du médicament. Le volume du marché africain du médicament est faible et représente un chiffre d’affaires de 35 milliards de dollars, soit à peine 3 à 5% du marché mondial, a indiqué M. Babahmed, qui a relevé, cependant, que ce marché «est en pleine croissance». Il estime qu’en Afrique, «il y a une opportunité de développer le médicament local, qui sera un levier de croissance en Afrique», avant de souligner que «le modèle algérien intéresse tous les pays africains, qui veulent développer une industrie pharmaceutique.» Quant au marché algérien du médicament, «il pèse 3 milliards de dollars», selon le président de l’ordre des pharmaciens, qui a relevé qu’ «il faut mettre des outils de régulation», alors que «la création de l’Agence du médicament est en plein développement.»
«Aujourd’hui, nous avons une production locale de médicaments pour des maladies émergentes à prendre en charge comme le cancer, soit 400 millions d’euros en médicaments» pour cette pathologie. Pour cela, «on doit avoir des outils de régulation de très haut niveau avec le développement de l’économie locale, et la création d’emplois dans le secteur», a-t-il dit, soulignant qu’ «on travaille avec les experts pour ces outils, qui seront exposés lors du forum.» Sur la future Agence nationale du médicament, le président de l’ordre des pharmaciens a affirmé qu’ «on espère qu’il y ait le maximum de moyens pour que cette agence joue son rôle, car c’est près de 55% de médicaments mis sur le marché».
Selon M. Babahmed, «on produit plus que nous importons.» Mais, il y a les dépenses pour «le traitement de pathologies de l’oncologie que nous ne produisons pas, soit 80% des médicaments.» Il a, ainsi, annoncé que les nouvelles unités de production de médicaments vont prendre en charge le besoin de médicaments pour «le traitement du cancer et les autres pathologies. C’est seulement 55% actuellement, et avec la production d’autres molécules, on dépassera ce cap des 55%» de médicaments d’oncologie, produits en Algérie.
Pour M. Babahmed, «nous avons, maintenant, des laboratoires qui font leur propre recherche, des laboratoires, qui ont développé des molécules qui nous permettent de diviser par dix certaines molécules, et demain on va éradiquer l’hépatite grâce à ces progrès», a pronostiqué le président de l’ordre des pharmaciens.