Les groupes de musique approchés à la sortie des meetings laissent clairement entendre qu’ils sont payés pour venir assister au discours.
Alors que la campagne électorale entame sa troisième semaine, à Oran, l’engouement des citoyens reste toujours très faible, en tout cas très en deçà de ce qu’ont connu les précédents scrutins.
Les partis politiques en lice pour les législatives du 4 mai prochain mènent campagne en organisant des meetings dans les salles de cinéma et les salles omnisports. Des salles remplies le plus souvent non pas de militants et de sympathisants mais d’hommes, de femmes, de jeunes adolescents, voire même d’enfants, majoritairement rameutés à coup de promesses populistes et surtout à coup de dinars. Une preuve de désamour entre les citoyens et les formations politiques.
Et c’est ainsi que les salles de meeting se transforment en une sorte d’arène de football digne des grands matchs du MCO. Des groupes de jeunes issus de quartiers populaires, à la mine parfois franchement inquiétante, investissent les meetings à coup de karkabou, de vuvuzela et de derbouka. Les rythmes et les danses déhanchées font le spectacle, ponctué de youyous de femmes ramenées également par bus à partir de petites communes rurales. Pour “chauffer” la salle, avant l’intervention du chef de parti ou du candidat, certaines formations optent pour les tubes de raï digne des grands soirs de cabarets, faisant vibrer les baffles à faire crever les tympans. Mais ce sont là des sonorités qui agissent sur les jeunes que les organisateurs tentent d’installer et de canaliser dans les dernières rangées des salles ou sur les balcons. Les groupes de musique de quartiers qui “viennent” aux meetings, pour un semblant d’engouement et de mobilisation électorale, n’ont pas forcément d’appartenance partisane, voire même pas de carte de vote le plus souvent. Approchés à la sortie des meetings, ils laissent clairement entendre qu’ils sont payés pour venir assister au discours. Mais ils ne vont pas jusqu’à révéler la somme reçue ? La rumeur dit que le prix payé pour cette mobilisation peut atteindre les 5 000 DA pour un groupe de 6 à 10 jeunes. Les associations de quartier ou celles qui activent dans le domaine du social entretenant des relations avec les APC font aussi partie de cette “clientèle” utilisée pour les meetings de campagne, quels qu’ils soient. D’ailleurs, la plus palpable des preuves de ce fonctionnement, adopté depuis des années, est que les leaders des formations politiques éprouvent toutes les difficultés à se faire entendre, à obtenir de la salle une écoute et un réel intérêt. Les karkabous et vuvuzelas démarrant au milieu des interventions de manière intempestive et certains leaders politiques sont contraints de s’interrompre et de demander aux présents de faire silence et de l’écouter. Mais ces derniers ne sont jamais là pour ça.