Ce fut long. Pénible. Jusqu’au bout du suspense. Avant que l’Espagne, la meilleure de toutes, ne déroule. Voit ses efforts récompensés en forçant le verrou adverse. Une belle réalisation. Historique.
Qui fait entrer son auteur, le génial lutin Iniesta, dans l’Histoire en même temps que son équipe. La «Roja», sur le toit du monde. Tout le monde l’y attendait malgré un début de tournoi frisant la catastrophe. Comme pour annoncer la tendance.
Que ça allait être dur pour les favoris. Dont beaucoup mordront la poussière à l’image du grandissime Brésil, du champion sortant, l’Italie, son dauphin, la France, la trop suffisante Argentine ou les, finalement, petits Anglais tombés de très haut. L’Espagne a gagné. En développant le meilleur jeu.
Une finale sans attrait (la faute à des Néerlandais trop calculateurs), jouée sur un petit détail, selon (presque, n‘eut été ce but tombé du ciel et signé Iniesta) le scénario écrit par le banc «oranje» et la confirmation qu‘il y a une justice en football.
Qui récompense, à notre grand plaisir, l‘équipe qui a osé. Est restée fidèle à sa conception du jeu, essayé de faire le spectacle en dépit de la stratégie destructrice d‘un vis-à-vis qui aura perdu pour avoir oublié de jouer. En jouant contre-nature. En essayant de contenir la «furia roja.» Talentueuse et surtout patiente. Suffisamment pour rester constamment dans le match, en développant le jeu qu‘on attendait. Un succès long à se dessiner, éprouvant pour les nerfs du côté de Madrid et des autres contrées du monde qui ont adopté ce rouge hymne au football. Difficile. Ce le fut.
Pour les deux postulants au prestigieux trophée. Mission presque impossible pour un onze batave qui connaîtra le même sort que ce supporter (hollandais) audacieux ayant réussi à franchir le cordon de sécurité avant de se diriger vers le socle portant la Coupe du monde avec l‘intention de montrer la voie à ses idoles en habillant le trophée d‘une écharpe orange.
Avant d‘être plaqué au sol et maîtrisé par la sécurité à quelques petits centimètres d‘atteindre son but. Ligoté, il quitte le stade non sans suggérer la suite des évènements : la défaite, à l‘arrivée, de sa sélection favorite. Le rituel officiel pouvait alors reprendre. En attendant la montée des marches des vainqueurs. Du plus méritant. L‘Espagne et sa conception du football portée sur l‘offensive.
En attendant que Casillas, le héros du match, ne brandisse officiellement cette œuvre d‘art qui fait rêver la planète-sports. Pour laquelle Mandela, incertain, après un grand point d‘interrogation et énormément de spéculations, a fait, malgré la maladie et la fatigue, le déplacement. En allumant carrément le Soccer City stadium à sa remarquable apparition.
Assis, avec sa fille, à l‘arrière d‘une voiturette, emmitouflé dans un long manteau, il « bénira» de son large sourire ce bouquet final dont il a dessiné les contours en offrant au continent l‘honneur de l‘organisation que le monde saluera. En s‘apprêtant à lui confier d‘autres défis, des J.O désormais dans les cordes du pays de «Madiba» dont la présence symbolique prend l‘allure d‘une bénédiction. Blatter, le monde du football avec, peut remercier l‘Afrique.
Dire merci à cette puissance du continent sortie vainqueur, à sa manière, d‘un «match» où il n‘y avait pas de place à l‘échec. L‘Espagne, flamboyante, l‘équipe de toutes les premières, a choisi l‘Afrique pour étaler l‘immensité de son talent et mettre d‘accord les puristes sur la qualité d‘un football-référence faisant rêver les gosses du monde entier. En faisant taire les mauvaises langues, à la manière du comité d‘organisation, qui nous servira une cérémonie de clôture sublime. De très haut niveau. En démontrant que l‘Afrique a mieux à offrir que des clichés pour brochures touristiques en mal d‘exotisme.
L‘Afrique des guerres civiles, de l‘instabilité politique, des maladies endémiques, des famines, du sous-développement. Oubliés le temps d‘un Mondial réglé finalement comme du papier à musique. Un mois dédié à la richesse humaine d‘une Afrique qui se met à rêver. De conquêtes nouvelles. Iker Casillas, capitaine de la Roja, élu meilleur gardien du tournoi, Diego Forlan, l‘attaquant de la Celeste, désigné meilleur joueur,Thomas Müller, milieu offensif du Bayern Munich (Allemagne) meilleur jeune et qui a également remporté le titre de meilleur buteur du tournoi (à la différence du nombre de passes décisives délivrées, ndlr) garderont sûrement en mémoire cette Afrique qui a déroulé le tapis rouge à une «Roja» conquérante au terme d‘une finale, laborieuse, extrêmement fermée et donc très décevante sur le plan du jeu.
Un trophée long à s‘«offrir» et qui se décidera au terme d‘une véritable partie d‘échec consacrant l‘équipe la plus joueuse devant une machine qui a décidé, contre toute attente, d‘opter pour une alchimie ultra- défensive.
La victoire ou le triomphe final d‘un collectif. Que le sauveur Iniesta, sur un éclair de génie, a rendus possibles. Amplement mérités. Comme l‘Afrique, grâce à l‘Afrique du Sud, l‘Espagne a trouvé la lumière. Le chemin d‘une juste consécration.
Par : Abdelaziz Azizi