C’est un plus gros gâchis encore que le Mondial-2010 raté de Cristiano Ronaldo ou Wayne Roo-ney: Lionel Messi quitte l’Afrique du Sud sans avoir marqué un but et sans avoir pu éviter l’ultime naufrage de l’Argentine, broyée 4 à 0 par l’Allemagne en quart de finale.
Messi, qui a tout gagné ces dernières saisons avec le Barça, entre championnat, Ligue des champions et même Ballon d’Or, a fini en larmes dans les vestiaires, a rapporté un Diego Maradona à la mine défaite.
Comment le «Pichichi» de la Liga, 34 buts, a-t-il pu quitter le tournoi sans marquer une seule fois ? Les raisons sont à chercher du côté de Maradona, cette figure tutélaire qui l’a placé étonnamment bas dans son schéma de jeu.
Alors que «La Puce» s’éclate au Barça dans une position de neuf et demi, «El Diez» l’a fait évoluer dans un rôle de numéro dix à l’ancienne, bien en retrait d’Higuain et de Tevez.
Son implication sur six des dix buts inscrits par l’Argentine avant les quarts de finale a fait illusion. Mais face à une Mannschaft agressive sur le porteur du ballon, Messi, sans protection, a été «mangé» par Schweinsteiger.
«Leo» n’a jamais trouvé Higuain correctement et ses combinaisons avec Tevez ont été brouillonnes. Messi n’a pu que partir seul à l’abordage, comme à la 26e minute avec cette chevauchée sur le côté droit du terrain, en vain. Son match de samedi au Cap dément singulièrement les déclarations de son sélectionneur la veille en conférence de presse: «Messi, je veux lui donner une complète liberté.
Si vous le mettez dans une boîte, vous détruisez l’équilibre de l’équipe». Pourtant, face à l’Allemagne, Messi fut bien enfermé dans une zone trop proche de la ligne médiane dans le dispositif de l’Albiceleste. «Nous n’avons pas été surpris par l’Argentine.
Nous savions que Messi serait au milieu, dans cette position. Nous l’avons pressé pour l’empêcher de donner des ballons», s’est réjoui Joachim Löw, sélectionneur allemand, dans un commentaire en forme de coup de poignard pour Maradona.
Car la veille du match, Löw tenait le discours inverse de «Don Diego», lançant devant la presse qu’il imposait un «carcan serré» à ses joueurs et qu’il attendait d’eux «de la discipline». Pourtant, sur le terrain, les Müller, Özil et Khedira, s’amusent comme des gamins aimantés par la surface de réparation adverse. La méthode Maradona, déjà décriée pendant les qualifications douloureuses du Mondial, a touché cruellement ses limites face à l’Allemagne: un bon meneur d’hommes ne remplace jamais un bon tacticien.
A l’échauffement avant le quart de finale, «El pibe de oro», en survêtement avant d’enfiler son costume de match anthracite, participait aux jeux de ballon avec ses joueurs. Il échangeait ainsi accolades, sourires et passes avec un Messi qu’il encourageait en tapant des mains.
Löw, pendant ce temps, observait sereinement en retrait les «toros» de la Mannschaft. A la fin du match Messi est sorti tête basse. Seul. Plus loin derrière lui, Özil, le «Messi allemand», quittait la pelouse tout sourire bras dessus bras dessous avec Podolski.
Il y aura donc bien un «Messi» en demi-finale, mais il est d’origine turque et joue au Werder Brême.