Un juge américain ordonne la publication de tous les documents sur son assassinat.
Un juge américain a ordonné hier aux agences gouvernementales américaines de rendre publics des milliers de pages d’archives relatives au décès du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, tué en octobre dernier dans l’ambassade d’Arabie saoudite à Istanbul (Turquie), rapporte l’agence Associated Press.
Le juge de la cour de district des États-Unis pour New York, Paul A. Engelmayer, a ainsi jugé que la mise à la disposition au public d’informations concernant la disparition et la mort du journaliste dissident est d’une « importance primordiale », rejetant l’argument des départements d’État et de la Défense américain qui avait affirmé que publier 5000 pages de document rendait impossible aux autres demandes entrant dans le cadre de la loi d’accès à l’information.
Le département d’État estime qu’il existe environ 288.000 pages de documents qui seraient potentiellement sujettes à demandes d’accès à l’information, tandis que le département de la Défense a indiqué qu’il aurait environ 23.000 pages de documents. Le département d’État a affirmé que répondre à une telle demande réduirait de 98% le traitement des autres demandes d’accès à l’information.
Un argument rejeté par le juge new-yorkais qui a noté que la mort de Khashoggi « faisait la Une » lorsque la demande d’accès a été introduite, alors que les départements n’y ont répondu qu’en avril. « Dans les mois qui ont suivi, la disparition de Khashoggi ainsi que les faits ou les allégations concernant son assassinat sous garde saoudienne ont continué de susciter un vif intérêt parmi le public, les législateurs, les responsables politiques et les journalistes », a indiqué le juge dans sa décision.
L’ONG américaine Open Society Justice Initiative a réagi à la décision de la justice en affirmant qu’il s’agit d’un « appel à la responsabilité, à un moment où l’administration Trump fait tout son possible pour cacher la vérité sur le responsable du meurtre de Khashoggi ».
Le 2 octobre 2018, l’éditorialiste Jamal Khashoggi, collaborateur du Washington Post, a été tué dans l’ambassade d’Arabie saoudite à Istanbul. Son corps n’a toujours pas été retrouvé. L’acte a suscité une indignation mondiale et profondément terni l’image du royaume, et en particulier du prince héritier Mohammed ben Salmane. Dans la présentation de son rapport annuel, la Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, avait parlé des détentions arbitraires de femmes qui défendent les droits humains en Arabie saoudite, mais elle n’a, en revanche, fait aucune mention du meurtre de l’éditorialiste, féroce critique du prince héritier saoudien.
Le procès de 11 suspects s’est ouvert début janvier en Arabie saoudite et le procureur général a requis la peine de mort contre cinq d’entre eux. Ankara a plusieurs fois souligné la nécessité d’une enquête internationale sur cette affaire, déplorant le manque de transparence de l’enquête saoudienne.