Meziane Meriane, coordinateur du Snapest : « Non, l’enseignant a le droit de donner des cours particuliers ! »

Meziane Meriane, coordinateur du Snapest : « Non, l’enseignant a le droit de donner des cours particuliers ! »
Écrit par Meriem Kaci

Revirement de position ! Le coordinateur du Syndicat national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (Snapest), Meziane Meriane, qui était jusque-là contre la dispensation de cours particuliers aux élèves en dehors des établissements scolaires, pense que les enseignants ont le «droit de recourir à cette activité parallèle à leur mission officielle au sein des établissements scolaires». «J’étais personnellement contre le recours à cette activité parallèle, mais vu l’actuelle conjoncture, je trouve que l’enseignant est libre de trouver un autre moyen, comme la dispensation de cours particuliers pour subvenir à ses besoins», a déclaré M. Meriane, hier à Alger.

Pour lui, l’enseignant est dans l’obligation «de faire son travail correctement et d’honorer sa mission à l’intérieur des établissements scolaires. Et dans le cas où il a failli à ses obligations, l’inspecteur le sanctionne», légitimant ainsi la dispensation de cours particuliers aux élèves malgré les mises en garde répétitives du ministère de tutelle. Le phénomène des cours particuliers, dont les tarifs atteignent des proportions exagérées, et qui connaît une expansion alarmante inquiète la tutelle, qui espère mettre un terme à ce phénomène, sachant que les cours parallèles sont dispensés «clandestinement» dans des locaux inappropriés ou à domicile. Pour Mme Benghebrit, les cours de soutien, notamment pour les élèves de primaire, sont un « véritable danger et problème sociétal, qui demande une meilleure sensibilisation, notamment des parents».

Elle a également qualifié ce phénomène des cours particuliers de dangereux pour la société, appelant les partenaires sociaux du secteur, à faire de l’éthique et de la déontologie du secteur de l’Education une réalité sur le terrain en remédiant aux pratiques non-éthiques. Mais selon le coordinateur du Snapest, la charte de l’éthique n’est pas descendue à la base, mais restée otage d’El Mouradia, où siège le ministère de tutelle.

«Aucune directive n’a été donnée par le ministère aux académies de l’éducation sur la Charte de l’éthique, paraphée fin 2015, entre le ministère et ses partenaires sociaux», indique M. Meriane, invitant à ne pas «moraliser» la société sur le dos des enseignants.

D’autre part, selon le syndicaliste, uniquement 15% du budget de fonctionnement alloué à l’éducation va au volet pédagogique. «85 % du budget va pour la masse salariale, pour un effectif de plus de 700 000 travailleurs. Les 15% restants ne peuvent prendre en charge que 3 millions élèves, alors que nous avons 9 millions d’écoliers», ajoute le coordinateur du Snapest. À la veille de la rentrée scolaire, le syndicaliste trouve que pour l’allégement du cartable pour les élèves du cycle primaire, il serait « judicieux» que la tutelle procède à l’allégement du manuel scolaire. Il estime qu’«on peut imprimer un manuel pour chaque trimestre. Cela engendrera des coûts supplémentaires, mais c’est nécessaire si on veut mener de vraies réformes dans l’intérêt de l’enfant», en réponse à la ministre de l’Education nationale, qui a indiqué que l’allégement se fera par «la réduction des coûts des articles scolaires (cahiers) et la rationalisation de leur utilisation».

Une rentrée, qui se fera cette année dans un contexte particulier, qui est le choléra qu’il faut maîtriser pour éviter une épidémie. «Si le choléra se propage, on encourt le risque d’isolement sur la scène régionale et internationale», prévient M. Meriane. «Les autorités compétentes n’ont pas encore identifié la source du choléra pour qu’elles puissent le neutraliser et l’éradiquer», rappelle le coordinateur du Snapest. «On verra ensemble sur le terrain si les mesures préventives nécessaires sont prises ou non», a-t-il ajouté.

La Confédération des syndicats toujours d’actualité

L’Intersyndicale de la Fonction publique va se réunir le mois en cours ou en octobre prochain pour l’adoption de l’avant-projet de statut d’une confédération des syndicats algériens (CSA), et le déposer ensuite pour agrément. L’Intersyndicale a mis en place une commission de rédaction de l’avant-projet de statut d’une confédération qui n’a pas encore rendu ses conclusions. «La commission poursuivra son travail en préparant le dossier administratif de constitution d’une confédération, comme l’autorise l’article 4 de la loi 90-14 sur l’activité syndicale», indique M. Meriane.

Le dépôt du dossier pour l’agrément auprès du ministère du Travail sera précédé de la tenue d’une assemblée générale constitutive. La démarche devra se concrétiser d’ici fin septembre-début octobre. L’Intersyndicale regroupe des syndicats représentant plusieurs secteurs de la Fonction publique (enseignement, santé, poste, énergie, vétérinaire, etc.), qui ont décidé de sa création suite à l’annonce de l’abrogation de l’ordonnance 97-13, qui a permis les départ à la retraite anticipée.

Aussi, l’Intersyndicale, qui n’a pas encore finalisé son livre de propositions sur le code du travail, reproche au département de Mourad Zemali de « ne pas inviter les syndicats» pour des réunions bilatérales ou réunions de concertation sur ce projet de loi. Ce même ministère considère que tous les syndicats du corps enseignant, à l’exception du Syndicat national des corps constitués et des ouvriers professionnels de l’Education nationale (SNCCOPEN), sont non représentatifs. Par ricochet, toutes les organisations syndicales qui n’ont pas 20% d’adhérents parmi les effectifs de la corporation représentée «n’auront pas le droit de porter des revendications aux ministères de tutelle, ni de s’asseoir à la table de négociations». S’agissant du déficit financier «énorme» de la Caisse nationale des retraites (CNR), le syndicaliste pense que les départs massifs à la retraite anticipée ont «accentué le déficit» de la Caisse.