Après une accalmie forcée, au demeurant dictée par le dernier remaniement de l’équipe gouvernementale, Constantine renoue avec les visites ministérielles. Et, comme il fallait s’y attendre, c’est au nouveau chef du département culturel qu’est revenue la pénible tâche d’ouvrir le bal des virées officielles. Constantine vit depuis le départ de l’ex-ministère de la Culture, Mme Labidi, un « désert culturel » hormis les quelques tentatives de l’Office national de la culture et de l’information dont les membres essayent de maintenir une certaine cadence qui pourrait rappeler que la ville accueille un événement culturel de portée arabe. Azzeddine Mihoubi, en visite de travail de deux jours, a surtout profité de son passage pour rappeler les grandes lignes que son équipe a tracées pour relancer la chose culturelle au niveau national.
Très actif depuis son installation à la tête du ministère de la Culture, Mihoubi n’a pas manqué l’occasion pour bousculer les chargés de la communication culturelle dont ceux du commissariat de la capitale de la culture arabe, accusés de ne pas faire suffisamment de « tapage » médiatique autour de l’événement.
Il annoncera d’ailleurs qu’il mettra à profit la contribution d’opérateurs de téléphonie mobile pour la diffusion d’informations culturelles. Nonobstant la communication via les réseaux sociaux qui, selon lui, s’avère être un moyen de propagande très efficace.
Mihoubi, au cours d’une conférence de presse organisée en marge de sa visite, a affiché sa volonté de briser les obstacles qui existent entre les différents animateurs culturels en créant une organisation culturelle indépendante, critiquant au passage la politique de la gratuité de la création culturelle. L’hôte de la ville des ponts dira à ce propos que l’investissement dans la culture doit participer à l’essor économique du pays.
Il précisera que son département œuvre à trouver les moyens de « faire de la culture un vecteur économique ». Un objectif que le ministre voudrait réaliser à travers plusieurs activités dont l’organisation « d’une conférence nationale sur l’investissement dans la culture » à laquelle prendront part des hommes d’affaires, des institutions, des hommes de lettres et des artistes.
« Création d’une banque de textes cinématographiques »
Pour appuyer ses propos, le ministre donnera l’exemple des villes accueillant des rencontres cinématographiques qui, selon lui, contribuent à l’essor économique de leur pays.
Des pays auxquels l’Algérie n’a rien à envier dans la mesure où « notre pays dispose de toutes les compétences culturelles essentielles ; il suffit juste, a-t-il ajouté, de penser à créer l’environnement adéquat ». Il annoncera dans ce contexte qu’il œuvrera prochainement à la création d’une « banque de textes cinématographiques ».
Concernant la manifestation Constantine capitale de la culture arabe, le ministre est apparu plutôt optimiste tout en affirmant que « le rendement s’améliore de jour en jour ». S’agissant des infrastructures inachevées, Mihoubi semble vouloir prendre son temps et ne point presser les entreprises actuellement en charge de leur réalisation. Il dira à ce propos que le délai importe peu pourvu que le travail soit accompli dans les normes.
Un peu plus tôt, le ministre s’est rendu à la maison de la Culture Malek-Haddad où il a pris part à l’exposition tenue en marge du festival culturel international sur la calligraphie arabe. Il a exhorté les responsables de l’enceinte culturelle à songer à aménager un espace pour mettre en exergue la pensée et les travaux du défunt Malek Haddad.
Il a aussi mis l’accent sur la nécessité d’exploiter au maximum les infrastructures culturelles réalisées jusque-là. Il dira à ce propos que tous les acteurs sont appelés à travailler de concert pour faire fructifier ces acquis, appelant les responsables à investir dans les associations culturelles.
Le ministre devait par la suite présider la cérémonie commémorant « la journée nationale de l’artiste » où il procédera à des remises de prix récompensant de jeunes créateurs.
Lundi, le ministre et la délégation qui l’accompagne prendront part à une soirée dédiée à la défunte Warda. Une pléiade d’artistes arabes, dont Saber Ribaï, Wail Djessar, Houaida, montera sur la scène de la grande salle Ahmed-Bey pour commémorer le troisième anniversaire de la disparition de la diva.