Le très pusillanime et très lisse Miloud Chorfi vient d’être débarqué de la présidence de cette jungle en furie qu’est l’Autorité de régulation de l’Audiovisuel (ARAV). Une surprise, en somme. Comme l’était d’ailleurs sa surprenante installation il y a une année et demie, au cours d’une cérémonie un peu surréaliste où Hamid Grine, à peine installé à son poste de ministre de la communication, est instruit de présider la séance à l’insu de son plein gré.
Sans doute voyait-il quelqu’un d’autre pour diriger cette instance chargée de faire la police de l’éthique, le cheval de bataille du ministre de la communication. Mais paradoxalement aussi, le départ de Miloud Chorfi était souhaité voire même nécessaire, tant l’ARAV a besoin d’un homme à poigne pour faire respecter l’ordre dans le secteur de l’audiovisuel qui ressemble à un souk, une foire d’empoigne où les coups sous la ceinture sont permis.
En effet, son court mandat aura été marqué par de multiples dépassements gravissimes et Miloud Chorfi s’est limité à adresser des cartons jaunes, signe de son manque d’autorité et de son incompétence. C’est pourtant quelqu’un qui est issu du secteur de l’audiovisuel. Mais c’était l’époque du parti unique où il commentait en différé, les exploits des joueurs de football de l’ouest du pays.
Un paisible fauteuil de sénateur
Car, force est de reconnaitre que l’ex chef du groupe parlementaire du RND n’a rien compris à la révolution en cours dans le secteur de l’audiovisuel algérien. Le communiqué de l’ARAV, qui pointe les défaillances, les manquements, n’est pas du tout à la gloire de Miloud Chorfi; c’est même un réquisitoire, un désaveu contre sa gestion impuissante.
Mais dans l’affaire, Miloud Chorfi n’aura pas vraiment perdu au change, puisqu’il retrouve un paisible fauteuil de sénateur pour un mandat de six ans, avant de prendre sa retraite politique. Il faut reconnaitre au moins une qualité au système : il n’oublie jamais ceux qui l’ont servi.
Question à un malheureux dinar dévalué : qui va remplacer Miloud Chorfi ? Avant que les pouvoirs publics ne pensent à qui mettre, n’est-il pas plus opportun pour eux de mettre d’abord en place toute la batterie de textes réglementaires qui baliseront les opportunités d’intervention de l’ARAV !