Miloud chorfi, président de l’arav, « Aucun dérapage ne sera toléré »

Miloud chorfi, président de l’arav,  « Aucun dérapage ne sera toléré »

«Sur les 45 chaînes qui existent, seules cinq ont une autorisation»

Intervenant lors d’une rencontre sur l’audiovisuel en Algérie, Miloud Chorfi a mis en garde contre les dérapages de certaines chaînes privées.

Miloud Chorfi a participé, hier à Alger, à une rencontre sur l’audiovisuel en Algérie, rencontre qui se tient pour évaluer l’ouverture du secteur à l’aune de la multitude de chaînes privées qui ont été créées et de la mise en place de l’Autorité de régulation de l’Audiovisuel. Présentant son évaluation de ce qui a été fait et se fait encore dans le secteur, il a déclaré que «toutes les chaînes travaillent dans l’illégalité. Toutes les chaînes sont illégales. Aucune n’est officiellement agréée. Et sur les 45 qui existent, seules cinq ont une autorisation», a-t-il fait savoir. Néanmoins, pour expliquer cette situation pour le moins inédite, il a indiqué que «l’audiovisuel est en situation de transition» et que «l’heure de faire le bilan n’est pas encore arrivé» puisque ce secteur est ouvert depuis seulement trois ans». «Il est encore tôt pour faire des bilans pour le moment. Le plus important pour l’heure est d’avoir un service audiovisuel. L’ouverture a fait que, aujourd’hui, nous avons 45 chaînes de télévisions privées. C’est un grand acquis. L’organisation du secteur est en train de se faire. Nous sommes à nos premiers pas et nous oeuvrons pour y arriver. Lentement et sûrement», a-t-il dit. Abordant par la suite les dérapages enregistrés au niveau de certaines chaînes qui font la promotion de l’extrémisme religieux et l’apologie du terrorisme, Miloud Chorfi s’est montré intransigeant. On ne tolérera jamais la promotion du terrorisme et du discours religieux extrémiste que certaines chaînes relaient. Aucun dérapage ne sera toléré. Nous faisons notre travail et nous le faisons sans tapage parce que nous voulons que l’audiovisuel évolue dans la sérénité. Mais, jamais les dérapages ne seront tolérés. Toutes les chaînes qui ne se conformeront pas à la loi seront sanctionnées», a-t-il affirmé également. Interrogé sur les deux chaînes qui ont été fermées, à savoir Al Atlas et Al Watan et sur l’éventualité de leur réhabilitation une fois la transition arrivée à terme, nulle réponse n’a été donnée et seul «le respect de la loi» a été brandi. Abordant par la suite le travail qu’effectue l’Autorité de régulation de l’audiovisuel qu’il dirige dans la lutte contre les dérapages évoqués, il a révélé que «quatre avertissements ont déjà été donnés à des chaînes privées». Mais, ne voulant pas que son autorité soit perçue comme celle d’un «gendarme», il a tenu à rassurer en soulignant que l’Arav est là non pas pour réprimer ou intimider les journalistes et les chaînes de télévision, mais pour les accompagner et les aider à aller vers plus de professionnalisme». Miloud Chorfi a également déclaré que «n’importe quel citoyen peut saisir l’Arav pour signaler un dérapage de quelque chaîne que ce soit».

Wahiba Belhadji, spécialiste en sciences de la communication, a abondé dans le sens de Miloud Chorfi en faisant remarquer que dans tous les pays du monde, c’est la préservation de la Sécurité nationale» qui prend le dessus sur tout le reste dans le travail des Autorités de régulation. Dans ce sens, elle s’est vivement interrogée sur le financement de ces chaînes privées qui reste, a-telle insinué, opaque. «Comment ces chaînes sont-elles financées? On sait tous que cela coûte beaucoup d’argent. D’où ramène-t-on cet argent?» s’est-elle interrogée légitimement puisque, a-t-elle précisé, la plupart des chaînes installées en Algérie sont de droit étranger. De plus, a signalé Wahiba Belhadji, les chaînes privées qui ont été créées dans le sillage de l’ouverture de l’audiovisuel promeuvent la discorde au sein de la société en diffusant des reportages sur des questions d’une extrême sensibilité sans en avoir l’aptitude». Le même avis a été développé par les autres participants qui ont, à l’unanimité, insisté sur le rôle qui incombe à la régulation. Interrogé sur le paysage audiovisuel national, le directeur de l’Ecole national supérieure du journalisme, qui a abrité la rencontre, Monsieur Benzaoui, a estimé que l’Algérie est en train de faire ses premiers pas dans la pluralité audiovisuelle et, à ce titre, il y a encore beaucoup de choses à apprendre. C’est pourquoi, a-t-il, insisté, il convient de s’intéresser à la formation, sous toutes ses facettes, pour assurer un bon fonctionnement du secteur. Il a d’ailleurs mis en place un studio et une salle de rédaction pour doter les étudiants d’outils techniques leur permettant d’être immédiatement opérationnels une fois sur le terrain.