Mines d’or d’Amessmessa et de Tirek ,L’énigme Gold Mines of Algeria

Mines d’or d’Amessmessa et de Tirek ,L’énigme Gold Mines of Algeria

Qui est donc derrière GMA Ressources ? La mine d’or d’Amessmessa serait-elle réellement capable de produire autant de tonnes d’or comme on le prétend, notamment après la fermeture inexpliquée de la mine de Tirek ? Leurre ou réalité ? Combien coûte donc une telle entreprise pour l’écologie ? Fièvre de l’or donnant des mirages ou eldorado perdu ne profitant qu’à des téméraires chercheurs de pépites et autres orpailleurs sévissant au pays de candides, les mines d’or d’Amessmessa et de Tirek suscitent la convoitise.

Tant de questions qui restent en suspens, mais nécessitent pourtant des réponses. Ange ou démon, GMA Ressources a-t-elle « arnaqué » son partenaire algérien, tout comme les banques du pays qui ont subventionné cette entreprise ? Des importations colossales de produits chimiques, dont 220.000 kilogrammes de cyanure de sodium (N.CN), 6000 litres d’acide nitrique, 150.000 litres d’acide chlorhydrique et bien d’autres acides pour une mine fermée.

La mine de Tirek, dans la wilaya de Tamanrasset, fermée depuis juillet 2007 et son matériel transféré, un capital prévu de 14 millions de dollars de la part de GMA Ressources n’apparaissant nulle part, une gestion opaque des mines d’or d’Amessmessa et de Tirek, des équipements démantelés et embarqués « on ne sait où », une pollution qui ne dit pas son nom et qui risque de porter préjudice à la nappe phréatique agressée par des infiltration massives de produits toxiques ! Tel semble être le bilan du passage de l’australien GMA Ressources qui, pour compliquer encore plus sa position, a procédé à la vente de parts d’actions à l’égyptien Orascom sans même consulter son partenaire algérien qui, faut-il le dire, est minoritaire à hauteur de 48 %. Gestion occulte ou techniques managériales « modernes », le cas des mines d’or d’Amessmassa et de Tirek est pour le moins insolite. Une enquête menée par les services de sécurité serait déjà en cours pour lever le voile sur cette énigme. La genèse de ce partenariat remonte à l’année 2003. Nos sources affirment que GMA Ressources, qui serait « inconnue sur la place mondiale de l’or » « n’a vu le jour que trois ou quatre semaines avant l’ouverture du capital de l’entreprise d’exploitation des mines d’or, Enor », est une entreprise filiale de Sonatrach.

Le partenariat était financé par les subventions accordées par la banque et la Sonatrach. Après ouverture des plis, le marché est revenu au seul prétendant, GMA, qui a été retenu pour participer au capital de l’Enor. GMA Ressources aura la part du lion en détenant 52% du capital. Celle-ci devait participer par un apport de 14 millions de dollars, « ce qui représente à peine 6 mois de production d’or à raison de 100 kg par mois » nous affirme-t-on. Un capital que n’aurait jamais apporté GMA Ressources qui s’est engagé à procéder en partie, à un renflouage en argent frais et une autre partie représentant l’achat d’un broyeur géant qui « n’est jamais parvenu en Algérie en raison de l’impossibilité de trouver une entreprise en mesure de l’installer « , explique notre source. L’entreprise ne cesse de réaliser des bilans négatifs depuis 2003. Les raisons sont simples et multiples, déclare notre source.

Cela en dépit des prêts bancaires consentis par la BEA à l’Enor qui bénéficiera de 100 millions de dollars.

Beaucoup de dépenses pour un résultat insignifiant

Beaucoup a été dit à propos de découvertes d’or au point où une fièvre s’est emparée de certains décideurs. Cependant, des voix s’élèvent pour dénoncer la gestion opaque qui entoure ce roi métal. Un document adressé aux autorités de la wilaya de Tamanrasset révèle que « 90 % des problèmes de production d’or sont dus au manque d’approvisionnement de l’usine de Tirek en minerai, notamment l’apport d’un broyeur d’une grande capacité aurait permis de doubler, voire tripler, la production d’or « .

Des tonnes d’or promises, la production n’a pu atteindre que les 600 kg à peine durant les trois premiers trimestres de l’année. Amessemssa ne peut produire que quelque 100 kg d’or par mois assure notre interlocuteur. Fermée depuis 2008, la mine de Tirek ne produit plus rien et son usine transférée à la mine d’Amessmessa.

Les dépenses, quant à elle, se compteraient en millions de dinars, aux dires de notre source qui avance le chiffre de « 100 millions de dollars de pertes sèches ».

L’actuel directeur général de l’entreprise d’exploitation des mines d’or, M. Mustapha Benzerga ; reconnaît sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale, que « 200 kg de l’or extrait ont été vendus dans le pays, en 2009. En réalité, c’est par manque de fonds de roulement que l’Enor est contrainte de vendre son or « .

Cette entreprise n’a pas encore réalisé l’amortissement de ses investissements qui sont de l’ordre de 50 millions de dollars et ce, depuis la première coulée de lingot d’or réalisée en 2008. Il faut savoir que le prix du kilogramme d’or avoisine les 20.000 dollars.

Pollution par l’utilisation massive de cyanure à ciel ouvert

La production de ce minerai ne se fait pas sans danger et encore moins sans risque. Mais, il y a risque et risque. Et quand il s’agit de porter atteinte à l’environnement, cela ne vaudra pas tout l’or du monde. Des cris de détresse sont lancés du fin fond du désert pour dénoncer l’agression faite à l’atmosphère.

C’est dans ce sens qu’une lettre a été adressée à l’état major de la Gendarmerie nationale. Datée du 10 juillet 2010, l’un des anciens responsables de cette mine alerte les autorités sur l’usage abusif de produits toxiques utilisés lors de l’opération de lixiviation au cyanure qui nécessite énormément de produits toxiques dont des quantités énormes de cyanure, en remplacement au vieux procédé appelé « système cil ». Ce système qui ne nécessite qu’une vingtaine de kilogrammes de cyanure par mois et est autorisé par la loi.

Un véritable « danger pour l’homme, la faune et la flore » rappelle le signataire de la missive qui déplore le manque de respect aux dispositions du décret 05/451 du 1er décembre 2003 définissant les règles de sécurité applicables aux activités portant sur les matières chimiques.

Il faut dire aussi qu’en guise de quantité ce sont des tonnes de cyanure, des milliers de litres d’autres produits chimiques dangereux les uns autant que les autres, tout comme les dizaines de kilogrammes de plomb. Cet cocktail explosif est déversé dans la terre servant pour extraire l’or et exposant la vie des 500 travailleurs ainsi que celle des habitants de la région.

Azzedine Belferag