Le ministre tunisien de Développement, de l’investissement et de la coopération internationale, Yassine Brahim a laissé entendre dans cette interview qu’il a accordée à Echorouk que les autorités de son pays envisageraient de lever la taxe de 30 DT, soit 2.100 DA, imposée aux véhicules algériens et ce après une demande que devrait soumettre la ministre du Tourisme au ministre des Finances. Le ministre tunisien se montre plutôt compréhensif quant au mouvement de contestation observé par nombre d’Algériens au niveau de certains postes-frontières, affirmant qu’il appartient au gouvernement tunisien d’accorder des facilitations aux Algériens qui contribuent à sauver le tourisme en Tunisie.
Sur quel motif la Tunisie s’appuie-t-elle pour imposer la taxe de sortie du territoire tunisien. Y a-t-il possibilité d’y renoncer?
La décision a été prise dans le cadre de la loi de finances (LF 2014), dont la taxe était imposée alors aussi bien aux personnes qu’aux véhicules. En mars 2015, le gouvernement a annulé la taxe imposée aux Maghrébins, dont nos frères algériens, libyens, marocains et mauritaniens tout en maintenant celle imposée aux véhicules.
Ces derniers temps, cette taxe aurait suscité une sorte de colère chez nos frères algériens, mais l’administration des Finances œuvrera à chercher une possibilité de son annulation.
La ministre tunisienne du tourisme avait indiqué qu’une demande sera soumise aux autorités dans ce sens. Ladite taxe sera-t-elle réellement levée pour les Algériens?
Le problème qui se pose c’est que toute procédure juridique adoptée ou annulée se fait à travers la loi de finances, dont la taxe de 30 DT imposée aux véhicules à la sortie du territoire tunisien était décidée dans le cadre de la LF 2014. Ceci dit, elle ne serait annulée que par la loi de finances complémentaire. Aujourd’hui, c’est Mme la ministre du Tourisme qui demande au ministère des finances une exonération au profit des touristes, mais je confirme que cette procédure doit passer par la loi de finances. Ceci peut intervenir lors de la LFC 2016, ou en décembre prochain ou peut-être en été 2017.
Ainsi, le touriste algérienne entrera et quittera la Tunisie sans avoir à payer la taxe.
Affirmez-vous la soumission de cette revendication aux autorités compétentes par la ministre du tourisme?
Elle présentera une proposition au gouvernement et au ministère des finances en particulier. Ainsi, le gouvernement examinera la possibilité de prendre une mesure adéquate conformément aux grands équilibres budgétaires.
Des députés algériens ont sollicité le ministère des affaires étrangères d’imposer pareilles mesures aux ressortissants tunisiens?
Nous ne souhaitons pas que les choses arrivent à ce stade. En tout cas, en ma qualité de ministre de Développement, de l’investissement et de la coopération internationale, je ne savais pour quel motif le gouvernement a décidé de cette taxe en 2014.
Je suppose que ce qui dérange nos frères algériens est la durée d’attente pour s’acquitter de la taxe et non la taxe en elle-même, ce qui entrave beaucoup les procédures de déplacement. Inchaa Allah, nous trouverons une solution pour remédier à ce problème. Quant à moi, j’évoquerai cette question avec les ministres des finances et tourisme pour trouver un compromis car la constitution tunisienne n’autorise aucune annulation ou application d’une procédure sans passer par l’Assemblée des représentants du peuple.
Les autorités tunisiennes se vantent du nombre important de touristes algériens qui se rendent en Tunisie et des facilités qui leur y seraient accordées. En revanche, elles leur imposent une taxe. N’est-ce pas là un double traitement?
Nous remercions les Algériens pour leur contribution à la dynamisation du marché du tourisme, c’est ce que nous avions constaté auprès des agences de tourismes et des artisans. Tous s’accordent à dire: « laissez-nous nos frères algériens… ». D’ailleurs, près de 1.4 million d’Algériens ont visité la Tunisie l’année dernière, quoi que la saison touristique était catastrophique au vu des attentats ayant pris pour cible notre pays. La forte présence d’Algériens a minimisé la catastrophe qui a frappé le secteur touristique de notre pays.
Notre rôle à nous est de bien accueillir les Algériens et leur faciliter les procédures, c’est pourquoi il a été décidé l’an dernier d’annuler la taxe imposée aux Maghrébins en quittant le territoire tunisien, ce qui a coûté au pays un montant de 85 millions DT. Aujourd’hui, nous sommes appelés à entreprendre une autre démarche dans ce sens.
En effet, l’annulation de la taxe imposée aux véhicules devrait inciter de plus en plus d’Algériens à se rendre en Tunisie, ce qui devrait éviter toute perturbation des équilibres budgétaires, sachant que l’Algérie ne recourt pas au principe de réciprocité.
Ma vision en tant que ministre d’Investissement est de voir des investisseurs algériens bénéficier de toutes les facilitations en Tunisie.