Les violences opposant les signataires de l’accord de paix, mais aussi le manque de volonté politique du gouvernement malien ont causé un retard considérable dans sa mise en œuvre.
Deux ans après sa conclusion, l’accord de paix et de réconciliation au Mali connaît un sérieux retard dans sa mise en œuvre, a déploré le secrétaire général de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma), Mahamat Saleh Annadif, lors d’un point de presse organisé mardi soir à Bamako. “Deux ans ont passé sans qu’on puisse installer les mesures intérimaires qui étaient censées restaurer la confiance entre les signataires. Il y a eu énormément de retard pour mettre en place ces mesures. L’accord n’est pas bien appliqué. L’insécurité devient quelque chose, on ne sait plus qui est qui. Le banditisme, les conflits communautaires sont là, à tout cela il faut ajouter le terrorisme”, a-t-il affirmé, lit-on sur les sites de la presse malienne. Tout en se félicitant des dernières résolutions adoptées au Conseil de sécurité de l’ONU, le diplomate tchadien affirme toutefois que la stabilisation du Mali passe par un règlement politique de la crise. “Si vous lisez les deux résolutions 2295 et 2364, vous constaterez que beaucoup de choses n’ont pas changé. Cependant, il y a deux éléments nouveaux, à savoir la volonté des chefs d’État de la sous-région du G5 Sahel de mettre en place une force conjointe qui n’existait pas dans la résolution 2295, ensuite il y a un autre élément concernant le processus électoral”, a-t-il affirmé. “Le terrorisme est un phénomène mondial, et il faut s’engager de façon collective pour éradiquer ce fléau”, a-t-il expliqué, soulignant avec insistance que “la lutte contre le terrorisme est une chose, la stabilisation et la paix pour le Mali en sont une autre”, lit-on encore dans l’entretien publié sur la page Facebook de la Minusma. “Jamais la lutte contre le terrorisme ne remplacera la solution politique que les Maliens doivent trouver entre eux et qui réside dans la mise en œuvre intégrale de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale auquel je crois, parce qu’il n’y a pas de solution militaire au problème malien. On peut lutter contre le terrorisme, mais il ne faudrait surtout pas oublier que le problème au Mali est d’abord un problème politique et qui a sa solution dans la mise en œuvre intégrale, correcte, de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali”, a insisté M. Annadif. Revenant sur la force régionale mise en place par le G5 Sahel, le représentant onusien au Mali a affirmé que le Conseil de sécurité pourrait réviser positivement sa position à ce sujet. La résolution votée par le Conseil de sécurité soutenant la mise en place de cette force ne prévoit pas de soutien financier, comme l’a souhaité la France qui avait présenté le projet de texte adopté et rejeté dans sa première mouture par les États-Unis et la Grande-Bretagne. “En lisant la résolution, le paragraphe 8 demande au Secrétaire général des Nations unies de lui faire rapport dans les 4 mois qui suivent pour lui dire quelles sont les difficultés et quels correctifs est-il possible de faire pour que cette force puisse réellement répondre à ses objectifs. C’est vrai que, jusque-là, ce qu’on a dit aux pays du G5 Sahel, c’est de commencer avec ce qu’ils ont. Après les 4 mois, le Conseil de sécurité peut, peut-être, réviser sa position. Je reste optimiste”, a conclu M. Annadif. À noter qu’une conférence des donateurs est prévue avant la fin de l’année en cours, afin de compléter les 90% de financement de cette force à laquelle l’Union européenne a promis 50 millions d’euros d’aide.