D’Alger à Biskra en passant par Annaba, les recommandations issues des dernières tripartites ne connaissent pas une exécution effective sur le terrain. Les choses avancent lentement. Les mécanismes mis en place pour une relance de l’économie n’ont pas apporté, jusque-là, les résultats escomptés.
Les mesures prises à la clôture de ces réunions provoquent certes, un léger frémissement au début, sur la scène socioéconomique du pays mais n’aboutissent pas encore à une véritable relance de l’économie nationale tant attendue. Le constat est établi par le secrétaire général de la Fédération des textiles et cuirs relevant de l’UGTA, Amar Takjout.
Le syndicaliste évoque une “désorganisation réelle” de la sphère économique. “Si l’on n’accompagne pas ces décisions qui sont, soit dit au passage, opportunes, d’une organisation efficace, elles demeureront à jamais insuffisantes et inefficientes”, constate-t-il. Cette organisation, M. Takjout la souhaite notamment dans les milieux de l’entreprise publique et privée. Car, explique-t-il, la désorganisation favorise la bureaucratie et engendre la corruption. Il trouve “inconcevable”, que les entreprises publiques économiques (EPE) n’adhèrent pas aux Chambres de commerce et d’industrie (CCI). Amar Takjout indique que l’Algérie est le seul pays où l’on n’oblige pas les entreprises à s’inscrire aux CCI. Ailleurs, aucun opérateur économique ne peut exercer son activité industrielle ou commerciale, avoue-t-il, sans une inscription à la CCI.
Pour lui, l’Algérie reste le seul pays qui n’arrive pas à identifier ses entreprises. Le seul pays où n’existent pas de fédérations patronales sectorielles. “Nous sommes le seul pays à ne pas disposer d’une cartographie de son tissu économique qui affichera les secteurs déficitaires en sociétés, par exemple”, déplore le SG de la fédération qui estime que dans chaque secteur d’activité, doit émerger une organisation patronale sectorielle. “C’est l’activité qui crée la confédération et non l’inverse”, affirme M. Takjout.
Il est inadmissible, remarque-t-il également, que le privé ne s’ouvre pas aux organismes qui s’occupent des statistiques en Algérie. Or, une économie sans statistiques ne peut aucunement avancer, commente-t-il. À propos du partenariat public-privé, suggéré lors de la tripartite, Amar Takjout se demande comment et avec qui le réaliser ? “Faut-il le concrétiser avec le secteur informel qui touche 46% de l’économie nationale ?”, se demande-t-il. “Va-t-on demander aux acteurs du marché noir de venir racheter les entreprises publiques ?”, ajoute-t-il. “Est-ce le secteur officiel qui absorbe l’informel ou le contraire ?”, observe-t-il encore. Insistant sur la nécessité d’une organisation à tous les niveaux, Amar Takjout conclut : “Seul un pays bien organisé sur les plans politique, économique et social peut préserver sa souveraineté”…