Comparativement aux sites de ses concurrents Djezzy et Ooredoo, le décalage est spectaculaire. Pour quelles raisons?
Le constat est devenu banal autant qu’affligeant. Bon nombre d’entreprises, quand ce ne sont pas des institutions bien en vue, s’appuient, en matière de communication, sur des «profils» dont le moins qu’on puisse dire est qu’ils sont sujets à caution. Faute de diplômes en la matière, faute d’expérience ou, souvent, par manque de connectivité avec les réalités de l’organisme représenté, voilà des chargés de communication qui peinent à rédiger un simple communiqué de quelques lignes, recourant au savoir de secrétaires ou d’employés subalternes, dont ce ne sont ni le rôle ni la mission, pour compenser leurs lacunes. On peut citer une foule d’exemples dans des secteurs parfois même sensibles! Mais là où le heurt est fort, c’est lorsque cette indigence de la communication se manifeste au sein d’une entité dont la spécialité est de créer, gérer et développer ces nouvelles technologies que sont les TIC! Un exemple simple, mais éloquent: pour qui s’aventure à pénétrer le site de l’opérateur national public de téléphonie mobile, Mobilis, «en l’eau qui rance» – l’orthographe est du cru de bon nombre des «communicateurs» évoqués -, c’est le choc. Voilà une entreprise, censée offrir le top en matière de sites Internet non seulement à sa clientèle, mais aussi à des visiteurs de tout ordre plus ou moins intéressés par la découverte de ce fleuron des technologies nouvelles en Algérie, qui n’est guère consciente de l’indigence et de la totale non-attractivité de son propre site où font défaut des éléments basiques tels que l’organigramme, les profils des cadres dirigeants, les missions dévolues à chacun, les challenges et les argumentaires textuels, pour ne citer que ces quelques données. Sans compter l’absence patente de contacts humains indispensables à l’entregent dans les médias sollicités qui attendent une iconographie et un public-relation de premier ordre.
Comparativement aux sites de ses concurrents Djezzy et Ooredoo, le décalage est spectaculaire. Pour quelles raisons? On sait que les responsables actuels sont arrivés en novembre 2016, dans la foulée des changements qui ont affecté Algérie télécom et qui ont fait que le DG par intérim de l’époque, Mohamed Habib, a été déménagé par la ministre Iman Houda Feraoun qui a largement recomposé les staffs dirigeants de plusieurs entreprises en vue de métamorphoser leur compétitivité. C’est ainsi que Ahmed Choudar a atterri au poste de P-DG de Mobilis, accompagné par un chargé de Com dont il assume le plus grand bien, Saïd Kouachi. L’enjeu, lui, reste de taille car il s’agit, ni plus ni moins, que de rivaliser avec les entreprises concurrentes dont les responsables de Com avaient, pour leur part, démontré leur sens aigu de l’intention et de l’action conjuguées.
Et le défi était d’autant plus crucial que Mohamed Habib, qui avait été directeur général adjoint chargé du pôle commercial d’Algérie télécom avant d’être désigné pour prendre l’intérim de Saad Dama, le 5 décembre 2015, aura incarné, à son corps défendant, le symbole d’une «dynamique» du changement très prolixe puisque, en une seule et même année, l’entité mère et Mobilis ont vu déferler des dizaines de nouveaux responsables à différents échelons! Est-ce bien là le gage d’une efficacité et d’une rigueur dans la gestion ou ne serait-ce que la face visible d’une propension à faire et défaire ce qui ne parvient pas à plaire indéfiniment?
Fort de son CV de «financier/gestionnaire trilingue», avec dans sa botte un cursus de «plusieurs postes de premier responsable d’établissements financiers, capitalisant des connaissances avérées dans le domaine de l’industrie des télécommunications» dixit le communiqué de la tutelle, Ahmed Choudar «a le profil idéal pour conduire Algérie télécom Mobilis (ATM) qui doit se moderniser et s’adapter au rythme d’évolution dynamique, dans un environnement hautement concurrentiel». Des arguments qui serviront à valider les promotions d’autres brillants responsables nommés aussitôt, comme celui du jeune Anouar Benabdelouaheb à la tête de la filiale Algérie télécom Satellite, en remplacement de Mme Radia Belberkani, «admise à la retraite». Cette forme de liquidation pleine de tact dont usent et abusent les premiers responsables des secteurs pour des motifs qui demeurent «discrétionnaires». Autant d’initiatives destinées au «parachèvement des programmes de dynamisation du secteur des TIC et de la politique du gouvernement visant l’amélioration du service public dans le domaine des télécommunications», dixit encore la tutelle, sans qu’il soit fait mention des griefs justifiant les limogeages des prédécesseurs ni des critères qui ont prévalu dans le choix de leurs remplaçants, pas plus que n’est définie, d’ailleurs, l’obligation de résultats supposée conditionner cette cascade de promotions.
S’agissant de la communication, la moindre des remarques est de rappeler que le domaine est trop complexe pour le confier à des individus qui ne maîtrisent guère le parler et encore moins l’écrit, se drapant dans un silence prétendument auguste, mais réellement significatif de leur insuffisance ou de leur absence de qualification…