En Algérie, un dispositif sécuritaire sans précédent a été mis en place par les autorités pour ce huitième vendredi de mobilisation. Mais la rue reste déterminée à chasser du pouvoir tous les dirigeants qui incarnent le « système ».
A Alger, la crainte de débordements a pesé tout au long de cette huitième journée de mobilisation tant la colère était perceptible. La situation a finalement dégénéré en début de soirée. Un véhicule des forces de l’ordre a été incendié. La police a tiré des gaz lacrymogènes. Mais les manifestants insistent : il s’agit de casseurs qui ne représentent pas la mobilisation populaire pacifique.
Les forces de l’ordre ont ensuite fait état de 180 arrestations, après des heurts avec des fauteurs de troubles « infiltrés » parmi les manifestants qui ont fait 83 blessés dans leurs rangs.
Ce vendredi matin, la capitale algérienne avait des allures de forteresse. Les forces anti-émeutes avaient dressé une muraille pour interdire aux manifestants l’accès aux principales artères. Mais la détermination de la rue a fini par l’emporter et en début d’après-midi, la foule paraissait aussi dense que les vendredis précédents.
Mais en ce huitième vendredi de manifestation, le premier depuis l’entrée en fonctions du président par intérim et son annonce d’une présidentielle le 4 juillet, il y avait comme un parfum d’amertume dans les rangs des protestataires. « Nous avons chassé Abdelaziz Bouteflika et récupéré des résidus du régime », s’insurgeaient-ils. Sur leurs pancartes, la soif de liberté et de changement s’affichait toujours en grand. En arabe, français, berbère et anglais, les mots d’ordre se répétaient : « IIe République », « Les dirigeants doivent tous partir », « On vous jugera sur la place publique ».
Depuis mardi, l’Algérie a un président par intérim : Abdelkader Bensalah. Mais celui-ci incarne tout ce que les manifestants rejettent. Il a accompagné l’ancien président Bouteflika pendant presque vingt ans, en tant que président du Conseil de la nation. Son portrait est désormais frappé d’une croix rouge dans les rues d’Alger. Les slogans résonnent haut et fort : « Bensalah, dégage. » Les Algériens souhaitent toujours tourner la page.