Rien que pour l’été 2016, près de 800.000 personnes ont eu accès à l’eau potable. Des centaines de kilomètres de conduites refaites et des milliers de mètres de forages réalisés.
La météo était catégorique pour les semeurs du chaos. Ils annonçaient, avec beaucoup de certitude d’ailleurs, un déluge social qu’engendrera une sécheresse dans les robinets durant le Ramadhan 2016, ou au plus tard en août, avec le pic des chaleurs. Le stress hydrique, prévoyaient-ils, allait emporter tout sur son passage et le pays ne serait alors qu’un grand amas de décombres. Certes, il a fait très chaud cet été, mais l’Algérie n’a pas eu soif. Déception pour les uns, fierté et réconfort pour les autres. Tout dépend de quel côté du barrage on se trouve. Rien que pour l’été 2016, près de 800.000 personnes ont eu un accès à l’eau potable. Des centaines de kilomètres de conduites d’eau potable refaites et des milliers de mè-tres de forages réalisés. Près de 15 wilayas, de l’Est, de l’Ouest, du Centre, du Sud et des Hauts-Plateaux ont été touchées par des opérations de rénovation et extension du réseau, équipement et livraison de forages et raccordement de plusieurs localités aux différents réseaux d’AEP.
Timides, effacés et absents dans le champ de vision médiatique, les responsables des ressources en eau savourent, cependant, goulûment cet immense défi relevé. «Il faut dire qu’il y a une injustice de la part des médias publics envers ce ministère qui accomplit un travail aussi colossal», regrette amèrement un ancien cadre du secteur de l’eau. Soit, mais il faut reconnaître aussi qu’au ministère des Ressources en eau et de l’Environnement, il y a une stratégie de communication défensive. On préfère parer au plus urgent et on s’échine à éteindre des foyers de tension qui naissaient parfois des mauvaises gestions au niveau local et souvent d’incompréhensions. Pourtant, il y a de quoi s’en réjouir. En matière de mobilisation, de traitement et d’accès aux ressources hydriques, l’Algérie revient de très loin. En 2001, l’Algérie envisageait d’importer de l’eau par tankers. Tout a été préparé au port d’Alger pour accueillir ces cargaisons inhabituelles. Nous ne sommes plus en situation de stress hydrique du début des années 2001. Depuis, le problème de l’eau a été placé au coeur de la politique gouvernementale. Cette prise de conscience politique du caractère primordial de la question de l’eau, n’a pas été un simple voeu pieux. Elle s’est matérialisée par un investissement massif évalué à plus de 50 milliards de dollars. L’Algérie compte aujourd’hui 94 barrages en pleine exploitation, répartis sur tout le territoire national, des stations de dessalement d’eau de mer uniques au monde.
La dernière en date a été inaugurée par Abdelkader Ouali, ministre des Ressources en eau et de l’Environnement, en juillet dernier à Oran, Avec une capacité de 500.000 mètres cubes par jour, cette station étanchera la soif de 5 millions d’habitants. C’est l’une des plus grandes stations de dessalement de l’eau de mer, au niveau du Bassin méditerranéen et en Afrique et c’est la 11ème du genre à l’échelle nationale. D’ici 2019, ce sera la mer à boire: 33 autres stations seront construites au bonheur des citoyens algériens. A ces barrages, à ces stations, s’ajoutent les milliers de forages réalisés. Pourtant, l’Algérie présente un climat semi-aride qui se caractérise par une forte irrégularité pluviométrique, ce qui fait que les ressources hydriques sont extrêmement rares. Des chiffres publiés récemment sur le site de la Banque mondiale viennent rappeler que notre pays se situe dans la région la plus aride du monde et fait partie des 12 pays «ayant les ressources en eau les plus limitées au monde: Algérie, Bahreïn, Koweït, Jordanie, Libye, Oman, Territoires palestiniens, Qatar, Arabie saoudite, Tunisie, Émirats arabes unis et Yémen». Qu’a cela ne tienne. Quand l’Etat veut, il peut et l’Algérie est un exemple unique sur le continent africain. En un temps record, elle est parvenue à renverser une situation des plus complexes dans un pays semi-aride. Mais ce n’est que le début d’une longue guerre.
Après avoir gagné cette révolution de la mobilisation, le département de Ouali s’attelle à une nouvelle bataille. Celle de la rénovation totale du réseau, la lutte contre les picages illicites et surtout la bataille du service public. Il y a un énorme gaspillage de l’eau dans notre pays. Désormais, la mobilisation de la ressource en eau pose moins de problèmes. Il reste à briser le tabou des prix par un service public des plus efficaces.
Il y va de la sécurité alimentaire avec l’irrigation des périmètres agricoles et l’adaptation des différentes actions aux changements climatiques. De bons arguments pour organiser «les assises de l’eau» et exposer au monde l’expérience algérienne.