Le message s’adressait principalement aux gouvernements étrangers, nombreux, ces derniers mois, à avoir émis des critiques à l’égard de l’Algérie, accusée de persécuter certaines minorités religieuses, dont les Ahmadis.
Le ministre des Affaires religieuses, Mohamed Aïssa, a imputé, hier, la responsabilité des rapports internationaux consacrés à la persécution par l’État algérien de la confrérie des Ahmadis aux organes de presse privés qui, estime-t-il, ne font qu’amplifier des faits parfois d’une banalité criante, mais aussi l’ampleur des arrestations opérées parmi ce mouvement par les services de sécurité.
Animant une conférence sur le thème de la liberté de culte en Algérie au siège du ministère des Affaires étrangères, à l’invitation de l’Institut diplomatique et des relations internationales, M. Aïssa était, le moins qu’on puisse dire, manifestement embarrassé d’aborder un tel sujet, surtout en présence des représentants du corps diplomatique accrédité à Alger. Le message s’adressait principalement, en effet, aux gouvernements étrangers, nombreux, ces derniers mois, à avoir émis des critiques à l’égard de l’Algérie, accusée de persécuter certaines minorités religieuses, dont les Ahmadis. Le ministre s’est ainsi référé au rapport élaboré sur la question par l’ambassadeur d’Algérie à Londres qui a reçu une délégation de la confrérie des Ahmadis et qui fait part de 123 convocations adressées par les services de sécurité aux disciples de cette communauté religieuse et 21 interpellations.
Pour l’orateur, le rapport en question se base sur des informations parues dans la presse privée algérienne, sous-entendant que ces organes amplifient par leur couverture ce phénomène.
Selon lui, toutes ces personnes interpellées l’ont été pour des raisons autres que la croyance religieuse, se lançant dans des accusations, parfois à l’emporte-pièce, pour expliquer les arrestations, indiquant que parmi ces personnes, on retrouve des terroristes repentis, des repris de justice, des gens qui n’ont rien à voir avec la religion…
“L’État ne vise pas à éliminer les Ahmadis. Les personnes interpellées ne l’ont pas été pour appartenance à une communauté religieuse donnée, mais pour des faits contraires à la loi
comme la collecte de fonds sans autorisation, regroupement et pratique cultuelle dans des lieux non autorisés”, se défend-il. Et pour rassurer les présents, le ministre s’est même cru obligé d’indiquer que 23 membres d’une confrérie soufie El-Hebria Belkaïdia qui compte parmi ses disciples, précise-t-il, le président de la République Abdelaziz Bouteflika, avait été arrêtés à Constantine pour pratique cultuelle dans un endroit qui n’était pas autorisé.
Il cite même le cas des imams interpellés pour avoir procédé à une collecte d’argent dans les mosquées sans autorisation. Mais, plus loin, le ministre tente presque de justifier ces arrestations, quitte à se dédire. “Nous refusons que ces communautés utilisent le territoire algérien pour régler leurs conflits. L’Algérie n’est pas une partie du conflit”, ajoute-t-il dans une vague analyse, s’appuyant sur des faits pas forcément évidents. Le ministre a, par ailleurs, fait part de la préparation par son département d’une loi d’orientation des affaires religieuses qui devrait permettre, selon lui, d’ouvrir le débat autour d’un certain nombre de questions en rapport avec les pratiques religieuses en Algérie. La loi, d’après l’orateur, fait la part belle à la formation initiale et continue des imams et offrira un cadre législatif à la pratique religieuse d’un islam du juste milieu qui abhore le fondamentalisme.
Ce texte qui promeut la culture de la citoyenneté va contribuer, note le ministre, “à nettoyer l’espace religieux”. À noter que l’Algérie abritera au mois de juin prochain une conférence internationale sur la démocratie et la lutte contre le radicalisme violent, en présence d’experts nationaux et étrangers. L’annonce a été faite par le ministre des Affaires maghrébines, de l’Union africaine et de la Ligue arabe, Abdelkader Messahel, qui a expliqué que cette activité entre dans le cadre de ce qui est convenu d’appeler la diplomatie de la lutte contre le terrorisme.