Dans l’entretien qu’il nous a accordé, Mohamed Bahri revient sur le phénomène de l’explosion de la promotion immobilière de luxe.
L’Expression: Le secteur de la promotion immobilière a connu un boom durant la dernière décennie, peut-on connaître le nombre d’opérateurs?
Mohamed Bahri: Effectivement, il y a environ 10.000 promoteurs agréés par l’Etat mais seulement 1000 ou 12.000 promoteurs qui exercent réellement cette activité. Les autres sont des promoteurs qui dépendent des programmes de l’Etat qui, faut-il le rappeler, est le plus grand promoteur avec les différentes formules Addl, LSP, LPP et le LPA. Cette situation est due à la forte demande sur le logement induite par la croissance démographique et le mouvement de l’exode rural vers les grandes villes.
Des appartements de luxe sont proposés à des prix exorbitants? Comment jugez-vous ces tarifs?
Je dois d’abord clarifier que dans la logique des choses, c’est l’Etat qui doit être un aménageur de site et après il sollicite les promoteurs pour l’aménager. Or, cela n’existe pas en Algérie, ce qui pousse les promoteurs immobiliers à s’orienter vers le privé pour acheter le foncier. Vous savez, nous sommes l’un des pays où le mètre carré est le plus cher au monde, on est devenu presque comme Tokyo. Je vous cite un simple exemple, le mètre carré à Hydra n’est pas en dessous de 50 millions et à
El-Harrach à 30 millions, ce qui explique un peu la hausse des prix de ces appartements. Il ne faut pas oublier également que les matériaux de constructions sont pratiquement à 100% importés. Les promoteurs optent pour une marge de bénéfice élevée pour pouvoir supporter les charges et faire face aux risques. Ce qu’il faut savoir aussi, c’est qu’en raison des lenteurs bureaucratiques, entre un projet et un autre vous pouvez attendre au minimum deux ans.
L’affaire du principal inculpé dans l’importation de la cocaïne Kamel El Boucher a démontré que l’immobilier est un levier pour le blanchiment d’argent…
Non, c’est tout à fait faux. Dans la promotion immobilière, il y a de l’évasion fiscale certes, mais pas de blanchiment d’argent car on doit passer par les banques pour toute transaction. Les gens font la confusion entre le marché parallèle et le blanchiment d’argent.
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