Mohamed Sayoud, conseiller à l’investissement, à propos du fonds d’investissement Algéro-Français : «la Chine et l’Italie l’ont déjà fait. mais ils financent leurs propres projets»

Mohamed Sayoud, conseiller à l’investissement, à propos du fonds d’investissement Algéro-Français : «la Chine et l’Italie l’ont déjà fait. mais ils financent leurs propres projets»

Lundi dernier à Paris, à la réunion du COMEFA, l’Algérie et la France ont signé une déclaration d’intention pour la création d’un fonds d’investissement bilatéral. Ce dispositif vise à financer les projets des PME. Il concerne les Algériens désireux d’investir en France ou des Français candidats à l’investissement en Algérie. Aussi, ce fonds vise les projets à forte valeur ajoutée dans les domaines de l’automobile, l’agroalimentaire, la transition énergétique, la mobilité urbaine et le numérique.

A présent, et en attendant la concrétisation de ce projet, le débat porte sur l’intérêt ou pas d’un tel dispositif financier pour l’Algérie qui aspire à une économie diversifiée pour sortir de la dépendance au pétrole. Interrogé hier à ce sujet, l’un des experts algériens les plus actifs sur le terrain de l’investissement, du moins à l’heure actuelle, donne son avis. D’abord, Mohamed Sayoud, puisque c’est de lui qu’il s’agit, estime que cette initiative annoncée par le président français, le 6 décembre 2017 à Alger, a eu déjà cours dans d’autres pays.

A-telle profité pour autant aux pays partenaires ? «Ce projet n’est pas propre à la France.

Il n’est donc pas une première pour ce pays. Spécifiquement, la Chine et l’Italie l’ont déjà fait. En effet les Italiens et les Chinois ont instauré ce type de fonds d’investissement avec d’autres pays. Seulement ils orientent les capitaux de ce fonds au financement de leurs propres projets», explique ce conseiller à l’investissement qui a exercé 30 années comme chef d’entreprise en Allemagne.

En d’autres termes, Sayoud craint que ce fonds soit plus profitable à la septième économie mondiale, qu’est la France, plus qu’il ne reviendrait bénéfique à l’Algérie. «En quelque sorte, je vous attribue un crédit, mais vous devez acheter chez nous pour le bien de notre économie», avertit cet expert comme pour plaider un partenariat «gagnant-gagnant», comme tout projet bilatéral qui se respecte.

Qu’en est-il de l’efficacité de ce dispositif sur les projets qui bloquent, en Algérie surtout ? Sinon, cette initiative serait-elle à même d’aider à la relance des projets en cours entre les deux pays ? «Concernant maintenant ce fonds conclu par l’Algérie avec la France, il n’est pas aussi clair. Je voudrais dire par là : qui va en bénéficier et pour qui profiterait le plus ce fonds?», s’interroge notre interlocuteur.

Du côté des Français, ce fonds «permettrait d’accompagner les entrepreneurs algériens investissant en France et les entrepreneurs français désireux de se rendre en Algérie», a promis le président Macron lors de sa visite de décembre 2017 en Algérie.

Tout récemment, lors de la tenue du COMEFA à Paris, il y est dit que ce fonds «soutient particulièrement la coopération entre les petites et moyennes entreprises algériennes et françaises et permettrait d’accompagner les entrepreneurs algériens investissant en France et les entrepreneurs français en Algérie». Mais faut-il encore que les entreprises algériennes soient compétitives sur le marché français pour prétendre aux financements à partir de ce fonds d’investissement algéro-français.

Farid Guellil