Mohamed Yacine Bensaci, président d’APC de Hassi Messaoud : « Sur papier, le gel de la nouvelle ville de Hassi Messaoud est toujours en vigueur, mais sur le terrain, il est partiellement levé »

Mohamed Yacine Bensaci, président d’APC de Hassi Messaoud : « Sur papier, le gel de la nouvelle ville de Hassi Messaoud est toujours en vigueur, mais sur le terrain, il est partiellement levé »

Le directeur de l’Etablissement de la nouvelle ville de Hassi Messaoud, Mourad Zeriati, avait déclaré en juillet 2017 que le premier quartier du chef-lieu de la ville nouvelle de Hassi Messaoud sera livré fin 2018. Peu après, en octobre 2017 et à la veille des élections locales, le maire d’Ouargla, Abdelkader Djallaoui, avait déclaré, lors d’une conférence de presse

, que le projet de la nouvelle ville est indirectement gelé et que la population de l’actuel Hassi sera délocalisée vers la nouvelle zone d’expansion El-Ghanami. Sur terrain, les travaux avancent à pas de tortue, que ce soit pour la nouvelle ville ou pour le site d’expansion. Pour comprendre un peu la situation et la confusion qui règne sur la délocalisation des habitants de la ville ancienne de Hassi Messaoud, les causes des retards et les motifs d’abandon de la population, le maire de Hassi, Mohamed Yacine Bensaci, P/APC FLN, en deuxième mandat, s’explique dans cet entretien.

 

Reporters : Les autorités ont décidé, il y a quelques mois, de lever le gel sur les activités à Hassi Messaoud. Pourquoi la levée de ce gel, selon vous, alors qu’il a été motivé, il y a plus de dix ans, par des raisons de sécurité ?

Mohamed Yacine Bensaci : Le gel n’est pas officiellement levé, parce qu’il faut préciser que pour le lever, il faut annuler le décret exécutif 05/127. Ce qui est impossible puisque les responsables ne peuvent ni révoquer le décret ni revenir sur leur décision, mais opérationnellement le décret élaboré, qui stipule la délocalisation de l’actuelle ville et la construction d’une ville nouvelle pour la population, a été partiellement allégé dernièrement par l’ouverture de certains domaines primordiaux comme la santé, l’éducation et les installations de base. On peut dire qu’il est levé indirectement mais partiellement, puisque les responsables ne peuvent sortir et dire aux citoyens que nous avons levé le gel, ce qui va pousser ces derniers à demander des permis de construire, de possession et des registres du commerce. Implicitement, la nouvelle ville est devenue une extension de la ville actuelle.

Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné depuis l’entrée en vigueur du gel ?

Le logement est l’une des problématiques qui a affecté la condition sociale depuis la décision de gel. Nous avons lié le gel au logement, puisque quand il s’agit de construction d’un habitat, Sonatrach intervient pour arrêter l’opération de construction sous prétexte qu’elle est proche des installations pétrolières, ce qui représente un danger pour le citoyen. Ajoutons à cela le retard flagrant dans la finalisation de la nouvelle ville. Depuis2004, il n’y a absolument rien à Hassi, ni éclairage, ni routes, ni canaux de drainage et cinq ans ne suffisent vraiment pas. En plus des procédures réglementaires, le lancement de plusieurs projets à la fois est chose impossible. Surtout côté suivi, vu l’inexistence des spécialistes en la matière au niveau local. C’est le cas actuellement avec nos 20 projets démarrés et qui sont en cours de réalisation. Il nous est difficile de trouver une équipe pour leur suivi. C’est pourquoi, la levée du gel demeure une demande insistante et urgente des autorités locales, du citoyen et du wali.

Quelles ont été les conséquences de ce gel aux niveaux économique et social  sur votre ville ?

La situation prévalant à Hassi Messaoud est due essentiellement au gel des projets de développement. Le logement demeure le problème qui a fortement impacté la ville, de plus, et comme vous le savez, toute attribution de permis de construire/possession et de registre du commerce a été interdite depuis 2004. Actuellement, nous ne pouvons pas construire des habitations, cependant le gel est partiellement levé sur certaines infrastructures et équipements de base relatifs aux travaux publics, à l’éclairage public, aux routes, à la santé et l’éducation. On a dépensé jusqu’ici environ 70 milliards de dinars pour la réhabilitation des écoles primaires, d’autres sont en cours.

Ici on parle d’une école déjà existante et non d’une nouvelle construction ?

Oui mais il y a quand même de nouveaux projets comme les deux piscines, incluses dans notre programme actuellement à l’étude pour un montant de 27 milliards, en plus d’un stade communal en béton.

Y a-t-il d’autres projets prévus dans cette phase d’allégement du gel ?

Oui. Tout ce qui est lié à l’amélioration des conditions de vie du citoyen comme l’éclairage public, les routes, les piscines, etc. On a maintenant deux projets de piscines, dont une semi-olympique. Une fois approuvés par la commission d’évaluation, les travaux pourront être lancés. Il n’y a aucun obstacle. Il y a également à l’étude la réhabilitation et la restauration de l’ancienne piscine de Hassi.

Revenons-en au projet de la zone d’expansion rurale El Ghanami. Quel est actuellement l’état d’avancement des travaux ?

Concernant les routes, les réseaux d’assainissement et l’eau potable, le cahier des charges a été approuvé par la commission de wilaya, reste seulement la publication.

Le wali de Ouargla avait annoncé indirectement, il y a quelque temps, le gel de la nouvelle ville et a parlé de la réalisation d’une nouvelle zone d’expansion à  El Ghanami ?

Non. La nouvelle ville n’est pas gelée et elle est en cours de conception. Pour le site d’El Ghanami, nous avons choisi l’assiette et enregistré les projets d’infrastructures.

Les cahiers de charges sont passés dans les appels d’offres.

Vous voulez dire que c’est vous qui avez proposé l’idée ?

Oui. C’est nous qui avons proposé l’idée et l’initiative, et le citoyen l’a acceptée et l’a beaucoup appréciée.

En pleine crise financière, vous parlez de la finalisation de la nouvelle ville et la création d’une autre zone d’extension… n’est-ce pas un peu confus ?

La création de cette zone, c’était notre propre choix. Nous, en tant qu’élus, on a exprimé la volonté des citoyens puisque la majorité des habitants proviennent de Ouargla et de Hassi Messaoud. Si la localisation de la nouvelle ville était entre ces deux villes, le citoyen aurait été content et l’aurait acceptée, mais sa conception a plus de 75 km de Hassi a provoqué une déception chez les habitants.

Le site El Ghanami concerne seulement la nouvelle population de Hassi Messaoud. Les véritables habitants restent dans l’actuelle ville …

Je précise qu’El Ghanami est une zone rurale étatique. Le lotissement comprendra, en plus des 2 000 logements sociaux, des lots de terrain qui seront attribués aux citoyens de Hassi Messaoud dans le cadre du logement rural aidé (100 millions de centimes pour l’autoconstruction). L’ouverture de la nouvelle ville et du site El Ghanami va réduire la charge et la pression sur l’actuelle ville de Hassi Messaoud.

Le projet de la nouvelle ville de Hassi Messaoud en cours de conception est-il financé par des fonds du budget de la commune ?

Non. La nouvelle ville est financée par un budget qui lui est alloué par Sonatrach, à l’exception des 2 000 logements sociaux, relevant de l’APC de Hassi Messaoud, qui lui ont été attribués dans le cadre du programme national du ministère de l’Habitat, qui a programmé 4 000 logements pour notre daïra. 2 000 dans la nouvelle ville et la seconde moitié dans la zone d’expansion El Ghanami. Les projets d’accompagnement comme les écoles primaires, centres de formation professionnelle, siège de la sûreté sont prévus dans le budget de la commune. Sonatrach n’a rien fait, à part les opérations de viabilisation des infrastructures, la préparation du terrain, les raccordements au gaz, électricité, téléphone et les réseaux d’assainissement. C’est ce qui a été financé sur le budget de la nouvelle ville (Sonatrach).

On a actuellement deux zones d’extension d’habitat, la nouvelle ville de Oued El Meraâ et la zone d’expansion El Ghanami, est-ce que vous avez fait récemment un recensement de la population, qui doit avoir doublé depuis 2005, pour établir des listes de bénéficiaires et faire la répartition sur les deux zones ?

On a enregistré environ 14 000 demandes de logement au niveau de la daïra de Hassi Messaoud. Selon les estimations, les logements de la nouvelle ville vont être prêts fin 2018, mais les équipements nécessaires comme les écoles primaires, les salles de soins, le siège de l’APC, ne seront pas prêts avant 2020 ou même 2025 pour certains. Les gens ne peuvent habiter avant.

10 ans de gel, aucun projet, où part le budget de la commune de Hassi Messaoud ? A-t-il été réparti, attribué à d’autres communes ou d’autres régions ?

Il n’y a eu aucun projet de développement durant le gel, notamment pendant les 5 années de notre mandat. De 2013 jusqu’au 2017, environ 500 projets ont été enregistrés à Hassi Messaoud. Chaque projet pour un certain montant, on est arrivé à 3 900 milliards de dinars. En plus des changements des assemblées communales, le budget est enregistré annuellement en fonction des nouveaux projets proposés chaque début d’année et à partir du budget initial de 500 milliards de DA. Les années s’achèvent et la plupart des projets ne sont pas terminés. Prenons comme exemple le projet de la piscine olympique prévue dans la commune de Hassi, dont le coût est estimé à 500 milliard DA, il est inclus dans les 3 900 milliards. L’opération et le montant sont enregistrés, mais pas encore dépensés. Mais en ce qui concerne la solidarité entre communes et à la demande du wali, environ 150 milliards sont prélevés chaque année du budget de Hassi Messaoud et répartis sur 19 communes, chacune selon ses besoins, à l’exception de la commune de Hassi et El Borma

Quels sont les projets réalisés durant votre mandat qui vient de s’achever ?

On a dépensé plus de 600 milliards durant les cinq dernières années, dans le pavage des routes et le renouvèlement de tout le réseau d’assainissement de la commune et cela a coûté plus de 80 milliards. Un exemple, la cité 1850-Logements appartenant à Sonatrach, et qui a été bâtie en 1984, aucun responsable ou président d’APC n’a dépensé un centime pour sa réhabilitation, sauf durant notre mandat où on a procédé au renouvellement du réseau d’eau potable, et cela a coûté environ 26 milliards. On a également renouvelé les réseaux de drainage pour 46 milliards et on a également dépensé près de 53 milliards dans le pavage et la réfection des routes de cette cité ainsi que la restauration de sa mosquée, pour un montant de 16 milliards, soit 130 milliards dépensés pour une seule cité. Outre les réseaux d’éclairage public de la commune de Hassi Messaoud, qui ont coûté environ 53 milliards, en plus de la perforation de quatre puits d‘eau potable pour 12 milliards chacun, soit 48 milliards. On a aménagé des espaces verts pour la somme de 20 milliards, la réhabilitation de l’entrée de la ville, ou le «boulevard», pour 23 milliards soit plus de 600 milliards dépensés durant les 5 années écoulées.

En fait, le gel n’est donc pas réellement levé ?

Sur le terrain oui, mais officiellement, il n’est pas levé et moi, président de l’APC, je demande la levée du gel pour résoudre le problème du logement notamment le quota, l’attribution des permis de construction et de conformité, afin de permettre au citoyen de restaurer son habitation. Je rappelle que la daïra de Hassi n’a bénéficié en 10 ans que de 4 000 logements dans le cadre du logement social. Pour les autres formules comme le participatif et l’évolutif, la ville de Hassi n’est pas concernée.