En même pas une semaine, le roi du Maroc s’est assis sur la légalité internationale concernant le Sahara occidental et sur l’organisation de la Coupe d’Afrique des nations de football. Evénement plus que sportif, tout le monde en convient, il tutoie le prestige, le politique, l’économique et est un événement médiatique et commercial majeur. Mohammed VI a tenu, lors de la «célébration» du 39e anniversaire de la colonisation du Sahara occidental, un discours étrange, indigne d’un chef d’Etat.
Insultes contre l’Algérie et l’envoyé spécial de l’ONU, diatribes violentes contre la représentante de Ban Ki-moom à la Minurso (Mission pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental), une Canadienne aux parcours et CV irréprochables et qui attend depuis Genève, et depuis septembre, l’autorisation de Rabat pour rejoindre son poste d’observation.
Dans son discours sur la colonisation du Sahara occidental, le monarque marocain s’en était pris, également, par des paraboles, allégories et allusions de mauvais acabit à l’Espagne à qui il reproche, sans doute, son peu d’allant à soutenir encore l’escroquerie de 1975 (Accords tripartites entre le Maroc, l’Espagne et la Mauritanie pour le dépeçage du Sahara occidental entre Rabat et Nouakchott et le départ honteux des Espagnols).
Il s’attaque, aussi, en des termes à peine dissimulés, aux Etats-Unis, à la France et, bien sûr, à l’ONU.
«Le Maroc restera, dira-t-il, dans son Sahara et le Sahara dans son Maroc, “éternellement”». D’un mot, cela signifie que Rabat sort du plan de paix de l’ONU en toute… légalité «bla hachma» (sans pudeur ou toute honte bue) et s’attendait à ce que son saut dans l’inconnu, l’irréel, l’insensé soit «compris». Ça n’a pas été le cas. Washington, Paris, Madrid, Bruxelles, l’Union européenne, l’Union africaine, l’ONU ont tous dit non à la folie Maroc.
Quelques heures à peine après la diarrhée verbale de Mohammed VI, Ban Ki-moon, SG de l’ONU, assène : «Il faut que Christopher Ross continue sa mission, il faut aussi que les parties au conflit contribuent à la solution la plus juste et la plus conforme au droit des Sahraouis à l’autodétermination…
Les parties au conflit sont le Maroc et le Polisario, c’est consigné dans toutes les résolutions onusiennes. Rabat, alors, s’affole, perd tout self-control, se recroqueville sur lui-même; tire sur tout ce qui bouge et n’est pas «marocanité» du Sahara occidental. La CAF ? Quoi la CAF ? Après tout, c’est une instance africaine comme l’ex-OUA, devenue Union africaine, donc c’est la même chose. Puisque l’Union africaine soutient le Polisario et a accepté en son sein la République sahraouie (RASD), la CAF ne peut être que complice. Pas de CAN au Maroc en 2015. «Il ne manquerait plus que ça, organiser un événement pour que l’Algérie en bénéficie… C’est ce raisonnement fou qui a conduit le roi à se désengager de ses obligations envers l’instance du football continental.
Des conseillers très spéciaux lui ont aussi affirmé que l’Algérie est le grand favori de l’épreuve et que, en terres marocaines, avec le déplacement de milliers et de milliers de supporters algériens, le Maroc risque d’être une victime… royale pour les Verts, pour les Algériens, ces souteneurs de la cause sahraouie.
Ebola est, alors, convoqué contre la logique médicale, les rapports de l’OMS et l’expertise de la CAF, pour annuler la CAN-2015. Le Maroc s’enfonce alors dans l’inconnu et tourne le dos au reste du monde. Il faut préciser, tout de même, que ce ne sont ni le gouvernement de Benkirane, ni la Fédération marocaine de football qui ont pris la décision de ne pas accueillir la Coupe d’Afrique, c’est le roi lui-même qui a tranché dans le dossier… Il y a quelque chose de pourri dans le royaume du Maroc. Assurément.
A. M.