« Est-ce que mon téléphone m’écoute ?« . Cette question, nous nous la sommes tous posée au moins une fois. Il suffit de recevoir une publicité sur un produit ou un service dont nous avons parlé quelques minutes auparavant que le doute s’installe.
Si le sujet suscite autant d’interrogations, c’est parce que les consommateurs manquent d’informations sur le fonctionnement de leurs smartphones et la collecte de leurs données personnelles via les applications mobiles.
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Que sont les data brokers qui vous traquent sur internet ?
Heures de réveil, nombre de pas, déplacements, hobbies, habitudes de consommation… Les téléphones mobiles et les applications qui y sont téléchargées savent quasiment tout sur leurs utilisateurs. Ces données ont peut-être peu de sens, mais une fois cumulées à d’autres bases, elles peuvent servir pour tracer un portrait ultra-précis de l’utilisateur.
Si cette pratique est aussi vieille qu’internet, la collecte, mais aussi l’utilisation des données numériques gagnent aujourd’hui en importance avec l’essor des technologies de l’Intelligence artificielle.
Depuis une dizaine d’années, des entreprises appelées Data Brokers, courtiers en données en français, prospèrent dans ce business. En effet, selon une récente étude du cabinet de recherche Knowledge Sourcing, ce marché pourrait frôler les 435 milliards de dollars en 2025 et dépasser les 600 milliards de dollars en 2030. Les experts estiment qu’il y aurait entre 4 000 et 5 000 data brokers à travers le monde.
Par ailleurs, selon cette étude, ces entreprises dressent des profils ultra-détaillés du consommateur, en collectant des données massivement via les sites internet et les applications mobiles que les gens utilisent au quotidien.
Un marché colossal qui suscite des controverses
Cela fait déjà plusieurs années que ces acteurs de ce « Wall Street de la donnée » traquent nos données, si bien qu’elles ont aujourd’hui une fine connaissance de notre comportement en ligne. Chaque Data broker détient des milliers d’informations par individu. Et ce, en allant du patrimoine au niveau d’études et aller jusqu’à la couleur préférée et la marque de sa voiture, pour prédire le comportement du consommateur.
Des sociétés de marketing se procurent ces données pour créer des publicités ciblées, tandis que les banques et les compagnies d’assurance les utilisent pour vérifier l’identité de leurs clients, évaluer les risques et prévenir la fraude.
Il est important de mentionner qu’une partie de ces données est collectée directement auprès des individus. Cependant, la plupart des informations sont issues d’accords de partage et d’échange entre plateformes. Finalement, les internautes ont un contrôle limité des données recueillies, qui les détient et de leur utilisation. Et ce, notamment, après avoir cliqué sur le fameux bouton « accepter », sans prêter attention à la politique de confidentialité.
Mais ce commerce suscite des controverses au sujet du consentement de l’utilisateur, qui continuent d’ignorer ces politiques de confidentialité. Face aux enjeux de la gestion des données personnelles, les autorités européennes ont réagi en créant deux outils juridiques qui encadrent la protection des données personnelles et régulent les marchés numériques.
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