Le guide suprême des Frères musulmans, Mohamed Mahdi Akef, est mort hier vendredi 22 septembre en détention au Caire. Il avait 89 ans et il était gravement malade.
Mahdi Akef avait été arrêté durant le sanglant été 2013 avec des centaines d’autres Frères musulmans après le coup d’Etat militaire du maréchal Abdelfattah Al Sissi, le 3 juillet 2013.
Dans un procès inique, dénoncé comme tel par toutes les grandes organisations de défense de droits de l’Homme, et comme des milliers d’autres Frères musulmans, Mahdi Akef avait été condamné à la perpétuité pour incitation à la violence et menace à l’ordre public et ce, dans le contexte des massacres commis par l’armée égyptienne contre les manifestants égyptiens qui protestaient contre le coup d’Etat.
La famille de Mahdi Akef ainsi que ses avocats et des militants égyptiens des droits de l’homme n’avaient eu de cesse, ces trois dernières années, de demander sa libération, en vain.
Selon le dernier rapport médical, qui date du 13 septembre 2017, rapporte le site Al Arabi al Jadid, Mahdi Akef était un malade impossible à transporter au tribunal (où son affaire était jugée en appel). Il souffrait d’un cancer avancé du pancréas, de la prostate, son bras avait été cassé en janvier dernier, il était incapable de se nourrir seul et avait besoin de soins intensifs.
L’état du vieil homme n’a pourtant pas convaincu le juge égyptien de le libérer, y compris, sous surveillance. Mahdi Akef a, après chaque visite à l’hôpital de Qasr el Aini au centre du Caire et qui n’est pas spécialisé, renvoyé à sa cellule.
Vendredi et alors que le vieil homme rendait son dernier il avait été transféré d’urgence au même hôpital ou il est mort.
La cruauté du régime du maréchal Abdelfattah al Sissi n’est pas une nouveauté contre les Frères musulmans, dont 40.000 (Human Rights Watch et Amnesty) sont, à ce jour, des prisonniers politiques détenus dans des conditions épouvantables à travers tout le pays.
Elle s’était déjà révélée au monde sous un jour particulièrement sanglant lors du massacre de Rabaa le 14 aout 2013, où les militaires et policiers égyptiens avaient abattu près de mille manifestants dans la place jouxtant la mosquée Rabaa el Adawiya au Caire.
Une cruauté qui est une constante jamais démentie par un sursaut d’humanité y compris envers un vieil homme affaibli, malade, ayant perdu tout moyen de survivre sans l’aide des autres. Sissi est allé jusqu’à denier le droit à ce mort d’être enterré décemment par les siens. En effet, lorsque la famille de Mahdi Akef avait été informée de son décès vendredi, elle avait été immédiatement instruite par la police de procéder aux funérailles au plus vite, le jour même.
Mahdi Akef a ainsi été enterré très tard dans la nuit du vendredi 22 au samedi 23 , à 1 heure du matin, dans un cimetière encerclé par des centaines de policiers et où seuls quelques membres de sa famille ont été autorisés à entrer.
L’organisation des Frères musulmans avait été déclarée “organisation terroriste” après le coup d’Etat militaire qui a renversé Mohamed Morsi, leader des Frères musulmans, premier président égyptien à avoir été élu dans des élections libres, ouvertes et démocratiques en Egypte en juin 2012.