Après la prise de Djarabulus par les rebelles syriens soutenus par Ankara, la Russie a fait part de son inquiétude quant à un regain de tension avec Ankara. Pour Damas, il s’agit d’une «violation flagrante» de son territoire.
«Profondément préocuppée.» Après la vaste opération militaire turque en Syrie, la Russie, qui soutient militairement la Syrie, s’est exprimée mercredi après la vaste opération militaire de l’armée turque et des rebelles syriens. Soutenus par les forces terrestres et aériennes turques, ils ont pris la localité frontalière de Djarabulus aux djihadistes de l’État islamique (EI). Mais cette offensive visait «aussi les milices kurdes», expliquait mercredi matin le président turc Recep Tayyip Erdoğan.«L’objectif est de faire cesser les violences qui éclatent fréquemment à la frontière», précisait-il.
De son côté, Moscou craint une possible aggravation des tensions entre Ankara et les milices kurdes. La Syrie a, pour sa part, condamné «le franchissement de la frontière turco-syrienne par des chars et des blindés turcs en direction de la ville de Djarabulus avec une couverture aérienne de la coalition menée par Washington, et considère qu’il s’agit d’une violation flagrante de sa souveraineté», selon un communiqué publié mercredi. Damas a notamment réclamé «la fin de cette agression», précise le texte. «Quelle que soit la partie qui mène le combat contre le terrorisme sur le territoire syrien, elle doit le faire en coordination avec le gouvernement syrien et l’armée syrienne qui mène cette lutte depuis cinq ans», poursuivent les Affaires étrangères.
Soutien de Washington, Berlin et Paris
Les États-Unis ont eux apporté leur soutien à cette opération turque. Des avions de la coalition internationale, en particulier des appareils américains, ont mené des frappes pour aider les rebelles syriens, a indiqué un responsable militaire américain. Le vice-président américain Joe Biden a déclaré mercredi à Ankara que Washington «coopérait avec les autorités turques». Arrivé en milieu de matinée dans la capitale, il y a rencontré le premier ministre turc Binali Yildirim, puis le président Recep Tayyip Erdogan pour des entretiens notamment sur la crise syrienne.
Joe Biden a néanmoins mis en garde la milice kurde qu’elle devra retourner à l’Est de l’Euphrate, comme le réclame la Turquie. «Nous avons dit très clairement» que ces forces «doivent retraverser le fleuve» et «n’auront, en aucune circonstance, le soutien des États-Unis si elles ne respectent pas leurs engagements», a-t-il affirmé devant la presse à Ankara.
Berlin a également exprimé son soutien. «La Turquie, à tort ou a raison, considère qu’il y a des liens entre, du côté turc, le PKK, que nous considérons aussi comme une organisation terroriste, et au moins une partie des Kurdes du côté syrien. Nous respectons cela, et nous considérons que c’est le droit légitime de la Turquie d’agir contre ces activités terroristes. Nous soutenons la Turquie sur ce point», a assuré le porte-parole de la diplomatie allemande, Martin Schäfer, lors d’une conférence de presse.
La France a quant à elle «salué l’intensification des efforts de la Turquie» dans «la lutte contre Daech» par la voix d’un porte-parole des Affaires étrangères.