Quitte à se répéter en ces temps de restriction budgétaire s’il y a bien un festival qu’il faut conserver contre vents et marées c’est bien le festival national de la poésie melhoun ; il en est cette année à sa 7ème édition dédiée toujours au grand barde Sidi Lakhdar Benkhlouf.
Plusieurs raisons peuvent être évoquées entre autre la préservation d’un patrimoine immatériel à l’échelle nationale pour lequel Mostaganem en est le fleuron et non pas sa seule localité. Il s’agit de la ‘parole de nos aïeux’ transmise de génération en génération par diverses canaux pour que l’esprit reste toujours en éveil.
A ce jour les Qacidates n’ont pas livré tous leurs secrets ; les recherches continuent et il est démontré chaque fois que l’Algérien subit les affres des invasions, colonisations, ou tout autre injustice ou Hogra, il n’abdiqué jamais et la poésie (chir el melhoune) a servi à éveiller les consciences, mobiliser les énergies et transcender les clivages d’une société que l’on cherchait à soumettre au diktat.
Il y a certainement des éléments d’analyse à développer sur la corrélation entre la parole dite ou émise et le fait d’histoire car l’on sait que le poète se sert d’un art pour concevoir un ‘vivre mieux’ si ce n’est dépasser une situation stressante du moment, autrement dit ‘se défouler’.
En second lieu, si un festival qui est conçu « comme une manifestation où la référence à la fête au réjouissances éphémères événementielles et renouvelées s’inscrivant dans la triple unité de temps, de lieu et d’action » ; pour ce qui concerne ce festival proprement dit , il s’agit chaque année d’une évaluation d’étape et de recherche d’enrichissement du patrimoine par ces mêmes personnes chargées justement d’entretenir la récurrence de la manifestation. Dans le cas contraire, la vivification entamée en 2013 ressentie comme une renaissance d’un art presque oublié et l’aura qui s’en est dégagée n’aura servi que temporairement et confirmera les velléités sur la paternité du Melhoune par nos voisins marocains.
La parole de Sidi Lakhdar Benkhlouf ne sera pas vaine et si ce festival lui est dédié chaque année ce n’est pas par forfanterie. Il est juste temps de passer de l’oralité à l’écrit et de promouvoir de manière plus efficiente la publication d’ouvrages, écrits et thèses relatifs à ce patrimoine.
A l’heure d’internet, les falsifications et usurpations sont courantes. Seuls les travaux universitaires sont à même d’apporter les preuves et de raffermir la crédibilité de nos assertions.
Quant à la poésie melhoune de nos frères marocains, aussi riche qu’elle soit, elle vient prendre sa source en Algérie et devient partie prenante de la poésie melhoune maghrébine.
Pour toutes ces raisons, le festival dans sa 7ème édition se déroulera du 25 au 27 septembre au Théâtre ‘Djillali Benabdelhalim’. Même s’il sera réduit à une seule journée, il aura lieu chaque année à Mostaganem.
Durant cette édition un riche programme a été concocté plus de 16 poètes de toutes les contrées viendront déclamer une poésie avec l’empreinte de l’ école d’appartenance, 07 artistes donneront chaque jour, à tour de rôle, un concert de chants melhoun bédouins, une soirée musicale avec le passage de plusieurs artistes connus et reconnus par le public clôturera chaque journée.
Outre des projections de documentaires sur la poésie melhoune ‘Images et mélodie du festival’, un hommage sera rendu à la cérémonie d’ouverture à Cheikh Belkacem Ould Said (1879-1946) et à celle de clôture à Cheikh Zerouk Daghfali (1949-2006), deux personnalités qui ont marqué chacune à sa manière ce patrimoine culturel.
La matinée du 26 a été réservée à des communications qui seront dispensées à la Bibliothèque principale ‘Dr Mouay Belhamissi’ autour du thème « l’apport du poète du Melhoun dans l’écriture de l’histoire », une pléiade d’universitaires y est programmée.
Abdelkader Bendaamache Commissaire du Festival aujourd’hui Directeur Général de l’AARC accompagné de Dr Khaled Chaalal Yacine, universitaire, chercheur et poète tous deux promoteurs de ce festival ont donné une conférence de presse ce samedi matin pour annoncer le programme. Une bonne heure d’échanges entre personnes convaincues de la richesse de notre patrimoine et qui nécessite plus que jamais une valorisation tant par ce genre d’événements que par l’édition tout support ou par la communication tout azimuth ou encore les travaux universitaires à concevoir ou enfin comme l’avons-nous signalé une traduction de tous les travaux de recherches appliquées sur les qacidates & textes de ces grands poètes souvent plagiés et récits des contemporains sur les œuvres laissées en héritage car ne s’agit-il pas d’un patrimoine universel.
Djamil Hadj Mohamed
Ecrivain-auteur