Dans un entretien accordé au quotidien francophone El Watan, l’avocat et défenseur des droits de l’homme, s’est exprimé sur la vague d’arrestations parmi les manifestants du hirak et les militants politique, notamment Karim Tabbou, Samir Belarbi, « nous sommes devant une violation du code de procédure pénale. Une simple convocation aurait suffi » a relevé l’avocat.
Et d’ajouter « Je pense que le pays glisse progressivement vers une situation de non-droit. Samir Belarbi aurait pu être convoqué au lieu d’être arrêté de manière brutale dans la rue. Il faut savoir que ses avocats n’ont pas été informés de la date de l’audience de la chambre d’accusation, qui a décidé de son maintien en détention en l’absence de sa défense ».
Pour maitre Bouchachi « il est vrai que le cas de Karim Tabbou n’est pas isolé. Il y a eu Lakhdar Bouregaâ, Salim Belarbi, Fodil Boumala, pour ne citer que ceux-là. Tous ont été arrêtés presque dans les mêmes conditions. Des gens en civil qui arrêtent des personnes sans que leurs familles n’en soient informées. Si on leur reproche des faits, n’est-il pas plus correct de leur envoyer des convocations pour les entendre ? Les membres de la îssaba (la bande) sont venus à bord de leurs véhicules à la Cour suprême après avoir été convoqués, alors que les militants politiques font l’objet d’arrestation en violation de la loi. Fodil Boumala a été arrêté le soir au bas de son domicile… », a dénoncé l’avocat.
Mostefa explique qu’ » à des exceptions près, tous les manifestants arrêtés et déférés devant le tribunal ont été renvoyés devant le juge d’instruction qui les a placés en détention. Or, ils ont été arrêtés lors des manifestations pour «attroupement non autorisé» ou «port du drapeau Amazigh» », expliquant que, « de ce fait, ils auraient dû faire l’objet d’une procédure de flagrant délit et être jugés sur place et non pas faire l’objet d’une instruction pour les maintenir plus longtemps en détention. »
« Mais on a fait en sorte de les garder en détention et, à ce jour, l’instruction n’a toujours pas commencé. Nous sommes face à une grave dérive. Ces procédés n’honorent nullement le pays et ne peuvent en aucun cas apaiser les esprits ou aider à faire sortir l’Algérie de la crise. Ce n’est pas de cette façon que le pouvoir va convaincre les récalcitrants à aller aux urnes. Bien au contraire. Il ne fera que renforcer leur opposition au scrutin », a estimé Me Bouchachi.
« Peiné par ce qui arrive à l’Algérie », l’avocat regrette le sort réservé au détenus « c’est dommage que dans un pays qui a fait une révolution pacifique exemplaire, des procédés que l’on croyait révolus reviennent et soient utilisés contre des personnes qui n’ont ni volé ni tué, pour être arrêtées et emprisonnées. Il faut que la justice réagisse et mette un terme à ces dérives. »