Dans une contribution publiée sur le quotidien francophone El Watan, l’ancien chef de gouvernement Mouloud Hamrouche estime que “le changement du système est la solution et non le problème”.
Mouloud Hamrouche glorifie le mouvement populaire du 22 février, soulignant que ce mouvement n’est pas « la crise » mais plutôt « un sursaut de survie » , pour l’ancien Premier Ministre, « le peuple n’a pas créé de nouvelles difficultés, ni de nouvelle déstabilisation, ni de nouveau dysfonctionnement, y compris sur le plan économique et social. Il n’a créé ni perturbation ni violence supplémentaire au pouvoir ou à l’armée. «Silmiya» et «Djeïch chaâb khawa khawa» sont des mots d’ordre francs et puissants. Le choix de «Silmiya» est une opposition aux turbulences et difficultés qu’éprouvait notre système de pouvoir et de sécurité des années durant », peut-on lire sur sa contribution.
Pour lui le système algérien n’a rien d’un modèle « c’est un non-système appelé système pour indiquer ses complexes négations. Il qualifie ce système de « liberticide, antipolitique, anti-militance, anti-gouvernance, anti-institutions, anti-organisation et antinational », et dajouter, « c’est pour toutes ces raisons qu’il a anéanti l’embryon de l’Etat, fruit de la guerre de la Libération nationale, annihilé la loi et détruit la gouvernance. Pour sa survie, il finira par briser la cohésion de l’ANP. »
Mouloud Hamrouche dénonce « les réseaux d’allégeance et de coercition/corruption » qui veulent, malgré ce désastre, continuer à garder le droit « d’autogérer le pouvoir, de préserver leurs statuts et positions tout en maintenant leur divorce avec le peuple et leur désincarnation sociale et identitaire ». Pour lui, ces réseaux « veulent continuer à fixer la posture de l’armée et sa feuille de route » et refusent tout bonnement un fonctionnement institutionnel de l’Etat et des pouvoirs. Car ils redoutent qu’un simple contrôle de légalité fasse fondre leurs armes : le mensonge, le chantage ou la menace ». Soulignant que ces réseaux ont l’appui de leurs médias, et leurs relais qui sont toujours « en action de régénérescence ou de renforcement ».
Dans sa contribution, Hamrouche partage sa crainte de voir les décisions du futur président dépendre du soutien ou non de ces réseaux » et ce malgré une constitution qui lui confère tous les pouvoirs, mais sans mécanismes opératoires ».
La décision de Gaid Salah de convoquer le corps électoral le 15 septembre, parait pour Me Hamrouche comme une logique froide de raison, d’autant plus que le commandement de l’ANP « avait affiché une position en harmonie avec celle du hirak en exigeant l’activation de l’article 102 en liaison avec les articles 7 et 8 ».
Donc pour aller vers une élection « exemplaire et originelle », Mouloud Hamrouche précise qu’il faut mettre en place « les conditions, les garanties, l’organisation des vérifications, des contrôles et des voies de recours. » a-t-il écrit.
Me Hamrouche s’est donc demandé « toutes ces questions graves et plus décisives les unes que les autres échoient-elles à un processus de dialogue mené par ceux-là mêmes dont le hirak exige le départ ? »
En outre, l’ancien Premier ministre, estime que les soucis ne doivent pas être concentrés sur une seule question qui est la question des conditions d’organisation des élections et ses conséquences, mais également « l’exigence de la séparation de l’Etat, sa pérennité et sa stabilité de la vie d’un Exécutif. Les conditions de la légitimation du gouvernement, de son fonctionnement, de son évaluation et de son remplacement demeurent-elles tributaires des réseaux qui contrôlent aujourd’hui des administrations gouvernementales et locales et qui possèdent de vrais relais clientélistes. Ils manœuvreront pour bloquer la volonté des Algériens ou à défaut la faire dévier ».
L’ancien chef de gouvernement appelle à libérer le pays et l’armée des pièges de ce système mortel, à établir des passerelles et des confiances entre « ces deux corps vitaux de l’Algérie », le peuple et son Armée nationale populaire.
M.A.Y