Mouloud Sait, maire de Bourouba, à l’Expression : «L’amélioration du cadre de vie est ma priorité»

Mouloud Sait, maire de Bourouba, à l’Expression : «L’amélioration du cadre de vie est ma priorité»

En un mandat, Mouloud Sait a profondément transformé le visage de Bourouba. Il a créé de nombreux espaces verts, construit des équipements sportifs de proximité et rénové des quartiers entiers. Ce transfuge du PT est en retour accusé par ses détracteurs d’avoir trahi le parti qui l’avait porté au pouvoir local au profit de nouvelles alliances et investi dans des secteurs, certes, visibles, mais sans utilité. Il s’en explique sans détour dans cet entretien franc et direct.

L’Expression: Pouvez-vous nous présenter votre commune?

Mouloud Sait: Bourouba est issue du découpage administratif de 1985 par la fusion de deux grands quartiers: El Fida (ex-PLM) qui appartenait à El Harrach et la cité La Montagne qui appartenait à Hussein-Dey. Mais cette naissance s’était accompagnée d’une injustice. Les activités qui généraient des recettes et se trouvant sur le territoire de Bourouba ont été attribuées à la commune d’El Harrach. Si on prenait comme frontière la route nationale n° 38 et Oued El Harrach, la gare d’El Harrach et la Sempac devaient revenir à Bourouba. Ils nous ont laissé la forêt de la Prise d’eau mais, à l’époque, il n’y avait rien dans cet espace. Même aujourd’hui, après qu’il a été aménagé en zone touristique, son exploitation a été confiée à l’Opla, un Epic de la wilaya.

Quelle est la situation socio-économique de Bourouba?

Bourouba compte plus de 80.000 habitants. C’est la dixième commune la plus peuplée d’Alger. C’est aussi l’une des plus pauvres. Vous voyez, par exemple, le climatiseur fonctionne grâce à un groupe électrogène car nous n’avons pas de quoi payer l’électricité. Le budget communal de 2017 s’élève à 22 milliards de centimes. Cela équivaut à six mois de salaires des employés. Le reste est comblé par les subventions de l’Etat. Les équipements et les aménagements que nous avons réalisés ont été financés grâce aux aides de la wilaya qui nous octroie en moyenne 10 à 15 milliards de centimes par an.

Bourouba s’étend sur 231 hectares, mais le tiers de cette superficie est occupé par deux grandes casernes de police. Les terrains qui restaient vides sont maintenant squattés par des bidonvilles de 2000 baraques réparties sur 13 sites. Aucun d’eux n’a été démantelé car la commune n’a pas bénéficié d’opération de relocalisation, si ce n’est celle qui a concerné le vieux quartier de Dussolier où 450 personnes qui vivaient dans des habitations précaires ont été relogées ailleurs, ce qui nous a permis de dégager une assiette. Nous projetons de l’utiliser pour créer une piscine et un petit stade.

Vous avez instauré plusieurs espaces verts et des aires de loisir. Quel est le but derrière cet aménagement?

Durant mon mandat, j’ai privilégié l’amélioration du cadre de vie des citoyens en créant plusieurs aires de jeux et d’activités sportives pour les jeunes qui n’avaient aucun endroit où dépenser leur énergie. Ces espaces verts nous ont d’autre part permis d’éradiquer plusieurs lieux insalubres. Nous avons ainsi réalisé quatre stades en gazon synthétique, des aires de jeux et des terrains de pétanque. Trois autres stades sont en cours de travaux. Nous avons en outre réhabilité la cité des Eucalyptus, les bâtiments de la cité La Montagne et démoli les échoppes informelles qui enlaidissaient sa rue principale. Nous sommes en train de construire 18 locaux modernes à leur place. Nous n’avons pas pu cependant réaménager le marché couvert à cause du bidonville attenant qui l’inonde de ses eaux usées. Mais la wilaya nous a promis de recaser bientôt les 22 familles qui s’y trouvent. Nous espérons par ailleurs reloger 178 familles vivant dans des foyers surpeuplés. La liste a été transmise à la commission et, en principe, ces personnes bénéficieront bientôt d’un habitat social.

Qu’en est-il de la gestion des ordures ménagères?

Ceci relève en principe de la responsabilité de Netcom qui connaît en ce moment de grandes difficultés en matière d’équipements et d’organisation. Mais pour le citoyen, c’est le maire qui est responsable. C’est normal. Nous avons donc acheté deux bennes- tasseuses, deux camions et deux rétro-chargeurs et même avec ça nous nous en sortons difficilement.

Il faut signaler que le manque de civisme aggrave la situation. Les horaires de dépôt des ordures ne sont pas respectés. D’autre part, les habitants n’acceptent pas qu’on place les bacs devant chez eux. Nous sommes donc obligés de les installer dans les axes principaux ce qui détériore le paysage. Nous aurions préféré nous doter de bacs enterrés, mais le système coûte cher. Cependant, je suis sûr que par un bon aménagement des espaces publics, la culture citoyenne va suivre. Les choses prendront du temps, mais ça viendra.

Bourouba souffre d’un déficit d’image. Que faites-vous pour casser ce préjugé?

La commune est pauvre et durant la décennie noire, elle a vécu de graves événements. C’est cela qui a dégradé son image. C’est pourquoi, j’ai estimé que cet aspect était prioritaire. Grâce aux aménagements que nous avons réalisés, dans divers endroits, les femmes peuvent maintenant s’installer dehors avec leurs enfants jusqu’à 23 heures sans être inquiétées. Ces choses s’amélioreront petit à petit. A travers ma page facebook, je suis en permanence en contact avec les citoyens. Je suis au courant à chaque instant de leurs préoccupations et je reçois également leurs critiques. Vous savez, une année avant la fin de leurs mandats certains maires avaient pour habitude de fuir les gens. Moi, hier seulement, j’ai joué un match de foot avec mes concitoyens.

La bataille pour les locales a-t-elle déjà commencé?

Bien sûr, durant les campagnes, les frottements entre les formations et les candidats sont toujours rudes. Les rumeurs et la zizanie vont commencer. Les fuites à travers la presse, les accusations infondées vont se multiplier. Mais le citoyen est conscient et connaît la vérité. En tout cas, ma page facebook a récolté 11.000 «j’aime» et 900 amis.

Si vous êtes réélu, quelles seraient les premières mesures que vous allez prendre?

Eradiquer les bidonvilles, dégager des assiettes de terrains et lancer des activités qui rapportent de l’argent. Je poursuivrai, d’autre part, l’aménagement et la viabilisation des cités car nous avons eu la preuve que le comportement du citoyen change positivement avec l’amélioration de son cadre de vie. Et si on continue sur cette lancée, Bourouba va progresser et son image va devenir meilleure.

Eléments biographiques:âgé de 47 ans, Mouloud Sait est licencié ès sciences économique option finances. Avant de devenir P/APC de Bourouba, il a été, dès l’âge de 25 ans, son directeur financier. Lors des

prochaines élections locales, il briguera un second mandat sous l’étendard du RND.