Meriem Kaci
Le mouvement populaire réclamant un changement du système vivra demain son 17e vendredi de mobilisation dans un contexte particulier.
En effet, les marches qui auront lieu demain à travers l’ensemble du pays inscrivent plus que jamais le mouvement populaire dans la durée et l’attente de plus en plus pressante d’une réponse en adéquation avec les revendications portées depuis le 22 février dernier par des centaines de milliers d’Algériens qui investissent la rue hebdomadairement.
Cette manifestation survient au moment où une des figures du pouvoir, à savoir l’ancien Premier ministre, Ahmed Ouyahia, est placé en détention provisoire et que d’autres symboles du régime contesté risqueraient de subir le même sort.
Cette énième manifestation intervient également alors que la scène politique nationale est marquée par la profusion d’initiatives de sortie de crise. Les plus visibles pour le moment sont celle portée par la société civile, celle des « forces du changement », et celle du Front des forces socialistes (FFS). Le mouvement qui semble préserver ses capacités de mobilisation qui ne se sont pas affaiblies y compris durant le mois de Ramadhan sera attendu vraisemblablement sur le registre des mots d’ordre qui seront mis en évidence par les manifestants. Cette réaction est ainsi attendu par rapport à la feuille de route du pouvoir politique, qui a réitéré, à travers le chef de l’Etat par intérim, son appel pour le dialogue tout en maintenant son agenda qui prévoie une élection présidentielle dans des « délais raisonnables ».
L’offre, faut-il le souligner, n’a pas convaincu aussi bien la classe politique dans son ensemble que les animateurs du mouvement populaire décidément hostiles à l’idée d’un dialogue avec les représentants du régime décrié.
Il y a 18 ans, la marche des ârchs…
Par ailleurs, la manifestation de rue aura lieu, cette fois-ci, sous le signe d’un souvenir évoquant la marche du 14 juin 2001 quand des centaines de milliers de manifestants, répondant à l’appel des aârchs de Kabylie, ont été empêchés de manifester à Alger. La marche est restée tel un triste souvenir dans la mémoire de la contestation en Algérie.
La manifestation du 14 juin 2001 s’est distinguée par sa forte mobilisation populaire, mais aussi par l’arsenal répressif mobilisé pour contraindre les manifestants d’investir la rue. Résultat : la marche s’est achevée en queue de poisson et dans le désordre avec des arrestations à la pelle et des actes de vandalisme par certains endroits.
La marche du 14 juin 2001 avait pour ordre du jour, se rappellent des animateurs de la contestation de l’époque, de remettre à l’ancien président de la République, Abdelaziz Bouteflika, un texte de 15 revendications, intitulé « la Plate-forme d’El Kseur ». Pour certains observateurs, les deux dates, même si elles sont séparées dans le temps par presque deux décades, portent les mêmes revendications : celles d’aller vers une gouvernance démocratique, sociale et politique dans un Etat démocratique. Pour la circonstance et en perspective de la marche de demain, des appels ont été lancés aux manifestants de porter des brassards noirs en signe de souvenir de la mobilisation du mouvement des aârchs en 2001.