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Le Musée régional du moudjahid de Tizi Ouzou a mis les bouchées doubles durant l’année 2018 en réalisant un travail de mémoire colossal.
Un vieillard qui s’en va, c’est une bibliothèque qui brûle, dit-on. Qu’en serait-il quand ce vieillard est de surcroît un ancien moudjahid ayant combattu courageusement et dignement pour l’indépendance de l’Algérie? C’est un pan de l’histoire qui s’en va, une fois le moudjahid en question ayant quitté ce monde. C’est donc dans l’optique de sauver de l’oubli le maximum de témoignages, donc de faits saillants inhérents à la guerre d’indépendance que le Musée régional du moudjahid de Tizi Ouzou a décidé, ces derniers temps, de donner la priorité à la collecte des témoignages d’anciens moudjahidine et moudjahidate.
L’avantage, c’est que ce musée dispose de tout le matériel nécessaire pour ce genre de missions nobles inhérentes à l’écriture de l’Histoire. Le musée dispose aussi du personnel compétent pour ce faire. Durant l’année 2018, le Musée du moudjahid de Tizi Ouzou a réussi à extirper de l’oubli les témoignages de pas moins de 149 acteurs et témoins de différentes batailles et autres événements importants ayant marqué la glorieuse guerre d’Algérie pour la libération du pays du joug colonial français. Ce qui représente, selon les responsables du musée de Tizi Ouzou, pas moins de 114 heures de témoignages vivants et inédits.
Ce travail, ont indiqué hier les responsables dudit musée, à l’occasion de la commémoration du soixantième anniversaire de la bataille du 6 janvier 1959 d’Aït Yahia Moussa, urge car de nombreux témoins et acteurs de la guerre d’Algérie sont dans un âge très avancé et une partie d’entre eux est dans des conditions de santé peu favorables pour qu’elle puisse raconter ses souvenirs lointains. C’est pourquoi, un appel a été lancé hier par les responsables du Musée du moudjahid de Tizi Ouzou à tous les citoyens de toutes les régions afin de prendre contact avec eux dans la mesure où il pourraient apporter un plus à ce travail de mémoire indispensable.
Dans le même sillage, a-t-on encore appris hier, le même musée a réussi à récupérer également pas moins de 65 «pièces» diverses ayant été utilisées durant la guerre, comme des armes, des cartouches, divers objets et des tenues portées à l’époque par les anciens combattants de la glorieuse Armée de Libération nationale (ALN). Toutes ces pièces seront versées bien entendu au Musée. De ce fait, les citoyens curieux et férus d’histoire pourront bien entendu les consulter lors des visites habituelles effectuées audit Musée du moudjahid.
Par ailleurs, les responsables du Musée du moudjahid ont profité de l’occasion de la commémoration, hier, du soixantième anniversaire de la bataille du 6 janvier 1959 à Aït Yahia Moussa afin d’annoncer le lancement d’une exposition permanente sur la guerre d’Algérie dans deux endroits différents et très symboliques et ce, à partir du 10 janvier 2019. Il s’agit de la maison de Krim Belkacem au village Tizra N Aissa (commune d’Aït Yahia Moussa) et de celle de Abane Ramdane au village Iâzouzen près de Larbaâ Nath Irathen. Les deux maisons, faut-il le rappeler, ont été hissées en musée il y a quelques années.
En se rendant au musée Abane Ramdane et au musée Krim Belkacem, les visiteurs pourront désormais revisiter la guerre d’indépendance à travers deux riches expositions retraçant particulièrement les apports incommensurables des deux héros aussi bien sur le plan militaire et politique pour l’un, que politique pour l’autre. Enfin, notons que plusieurs anciens maquisards et personnalités ont pris part, hier, à la commémoration de l’anniversaire de la bataille d’Aït Yahia Moussa le 6 janvier 1959 ayant vu pas moins de 400 maquisards de l’ALN tomber au champ d’honneur pour que l’Algérie arrache son indépendance et pour que le peuple algérien retrouve sa dignité confisquée par le colonialisme français depuis 1830.
Les présents ont rappelé que la bataille en question a commencé avec les raids de l’armée française le 6 janvier 1959 dès 9 heures du matin jusqu’à 21 heures avant que les combats ne se déroulent au corps à corps entre les deux camps adverses. Toute la région d’Ait Yahia Moussa avait été encerclée en ce 6 janvier par l’armée française. Mais les combattants de l’ALN appuyés et soutenus de manière indéfectible par toute la population de la région, hommes et femmes, n’ont pas abdiqué et ils ont tenu tête à l’armée coloniale car le combat de l’ALN était juste et noble contrairement au camp ennemi qui voulait confisquer une terre qui ne lui appartenait pas et qui ne lui appartiendra jamais!