Musique: Nassima Chabane enchante les algérois

Musique: Nassima Chabane enchante les algérois

La chanteuse d’andalou, Nassima Chabane, a enchanté le public algérois avec un florilège de pièces classiques et d’autres puisées dans la poésie soufie, rendues dans une ambiance conviviale et  festive.

Le public nombreux de la salle Ibn-Zeydoun de l’Office Riadh El-Feth (Oref) a pu apprécier une prestation «remarquable», livrée en plusieurs parties par la cantatrice à la mandole.  Affichant son plaisir de se produire face à son public, l’artiste a, à la manière des grandes divas de la chanson andalouse, donné, dès le départ, un ton solennel à sa prestation, préludant avec Rana Djina, qu’elle a annoncé en musique, toute souriante, esquissant quelques pas de danse.

Soutenue durant près de deux heures et demie de temps par sept instrumentistes virtuoses, la chanteuse à la voix étoffée et au timbre singulier a étalé plusieurs pièces du patrimoine classique et soufi, présentées dans de nouveaux arrangements de sa conception.

Soucieuse de «perpétuer la tradition et transmettre le patrimoine andalou aux jeunes générations», Nassima Chabane a entonné, dans des variations modales au ton relevé et des déclinaisons rythmiques aux cadences composées, une série d’inquilabet, caractérisant les orchestres féminins d’antan, à l’instar de Zarni el Malih, Rachiq El Ked, Samah Ya Aïn et Ya Qalbi Khelli El Hal. Le choix de l’artiste s’est ensuite porté sur des pièces classiques reprises dans le registre chaâbi, Fel’m’nem ya S’yadi, Ya ness Koulou El Badri, El khilaâ Taâdjebni et Aâchiyatoun, entre autres.

Une partie nostalgique a permis à l’assistance une immersion onirique dans le passé, à travers Ya Oummi, écrite, selon l’artiste, par H’djiyedj, Alger, Alger de Lili Boniche, sur laquelle Nassima Chabane a calqué dans le mode majeur, Algérie, mon beau pays, belle poésie du maître de la  chanson kabyle, Slimane Azem, encore repris avec Ay Afroukh Ifirelless, puis, Bahdja M’dinet El Djazaïr, de Meriem Abed, pour finir dans la joie, avec Wahd el Ghoziel et Mamma ya Mamma.

Passionnée par son art et aimant son public, l’artiste établie en France se livrait entre chacune des chansons interprétées, à des explications pédagogiques et des commentaires anecdotiques qu’elle ponctuait par des échanges agréables avec les spectateurs.  Quelques pièces dans le genre m’dih, évoquant le Prophète Mohammed (Que le salut de Dieu soir sur lui), rendues dans des rythmes lents à l’ascendant de fascination, ont clos le concert dans une ambiance festive.

Dans la délectation, le public n’a pas manqué de saluer l’artiste après chaque partie du programme et de lui exprimer son admiration par des applaudissements répétés et des youyous nourris.  «Nassima Chabane porte dans sa voix l’âme des anciennes cantatrices de la  musique andalouse et celle des grands cheikhs du chaâbi réunis», a déclaré un spectateur parmi les fans de la chanteuse.

Dans une prestation de haute facture, le métier et le professionnalisme des instrumentistes se faisaient nettement ressentir, à l’instar de Mokhtar Choumane au ney (flûte orientale), Areslan Bouras au luth et Abdelghani  Mokhtari au violon alto.

Donnant du bien-être à son public dans un élan naturel de générosité, Nassima Chabane a réussi un spectacle plein, rendu dans un esprit jovial qui a réuni le savoir-faire au plaisir des sens, dont elle seule détient le secret.