Désormais, ils jouissent de la liberté provisoire en attendant que leurs dossiers soient “apurés” par la justice algérienne.
Deux Algériens détenus à la prison de Guantanamo, Nabil Hadj Arab et Mouati Sedik Ahmed Sayad, ont été libérés le 28 août dernier, selon un communiqué de la cour d’Alger. Information donnée auparavant par l’APS, citant la commission consultative de promotion des droits de l’Homme. Me Farouk Ksentini, contacté jeudi par Liberté, a confirmé l’information, indiquant que “les autorités algériennes ont émis un avis sans objection à la demande américaine de rapatriement de deux ressortissants algériens détenus à la base maritime de Guantanamo”.
Selon le président de la Commission des droits de l’Homme, les deux détenus devaient arriver jeudi à l’aéroport d’Alger, alors que le communiqué de la cour d’Alger avait précisé que les deux détenus étaient déjà rentrés mercredi.
“Les États-Unis sont reconnaissants envers le gouvernement algérien pour sa bonne volonté à soutenir les efforts en cours pour fermer le centre de détention de Guantanamo”, indique, pour sa part, le communiqué du ministère américain de la Défense, ajoutant que “les deux pays se sont concertés pour s’assurer que le transfèrement soit effectué suivant des mesures humanitaires et de sécurité appropriées”.
Les deux détenus, qui ont quitté la prison infernale de Guantanamo, sont considérés comme des vétérans du terrorisme en Afghanistan.
Nabil Hadj Arab, 34 ans, a été capturé le 20 décembre 2001 par les forces afghanes en tentant de fuir Tora Bora, dans l’est de l’Afgahnistan où il avait été blessé dans l’attaque d’un hélicoptère américain, selon le document militaire américain divulgué par WikiLeaks. Mouati Sadik Ahmed Sayad a été, pour sa part, capturé en tentant de fuir Tora Bora et avait été intercepté par les autorités pakistanaises, après avoir franchi la frontière. Il avait été remis aux Américains le 4 janvier 2002. Les deux hommes étaient perçus comme représentant “des risques moyens de menace contre les USA, s’il devaient être libérés”, selon les documents militaires fournis à WikiLeaks par Bradley Maning, datant de 2002. Quel est le futur statut de ces deux ex-pensionnaires de Guantanamo ? Selon Me Ksentini, “ils jouissent désormais d’une liberté provisoire, mais seront présentés devant le juge d’instruction qui sera chargé d’instruire leur dossier”.
Une fois l’instruction bouclée, explique encore Me Ksentini, le tribunal criminel se prononcera sur le fond des dossiers. “Mais comme leur dossier est vide, ils seront libérés”, indique encore l’avocat, qui parle d’une procédure de pure forme qui a déjà été appliquée aux autres détenus libérés qui sont rentrés précédemment au pays. Vis-à-vis de la justice algérienne, ces deux détenus libérés, comme les précédents n’ont commis aucun crime qui justifierait une quelconque condamnation par la justice algérienne.
Dans un mois au plus tard, temps que prendra la procédure, ils seront libres, précise encore le président de la Commission des droits de l’Homme. Hadj Arab Nabil et Mouati Saïd Ahmed, comme les autres détenus d’origine algérienne, avaient été arrêtés puis libérés par la justice bosniaque avant qu’ils ne prennent la direction de l’Afghanistan. “Ils ont été chopés par les forces américaines car ils ont eu le malheur de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment”, soulignait Me Ksentini, dans une précédente déclaration à Liberté.
L’administration Bush les considérant comme “des combattants ennemis”, non protégés par la par la Convention de Genève, à propos des prisonniers de guerre, avait alors procédé à leur arrestation en 2002. Farouk Ksentini a indiqué que pas moins de dix-sept Algériens détenus dans la base de Guantanamo avaient déjà été libérés à des intervalles espacés.
À ce chiffre de 17, s’ajoutent les deux autres, soit un total de 19. Il doit rester encore deux en détention qui bénéficieront certainement des mêmes dispositions.