Nations unies : La diplomatie algérienne en petite forme à New-York

Nations unies : La diplomatie algérienne en petite forme à New-York

Aghilas Sadi

Le Hirak, en cours dans le pays depuis le 22 février dernier, a contraint l’appareil diplomatique de la République à réduire ses activités à des niveaux jamais enregistrés dans l’histoire de l’Algérie indépendante.

L’instabilité politique a eu des répercussions directes sur le dynamisme des représentants de l’Algérie dans les différents organes des Nations unies. D’habitude très visibles pendant les réunions ordinaires et extraordinaires des institutions de l’ONU, les représentants de l’Algérie se font de plus en plus discrets et prennent rarement la parole, comme en témoignent les dépêches de l’Agence de presse des Nations unies, qui diffusent les comptes rendus de toutes les réunions de l’institution supranationale.

Depuis le 22 mai dernier, cinq interventions seulement des représentants de l’Algérie, soit moins de trois par mois. Il s’agit de quelques interventions laconiques sur la situation au Sahara occidental et le développement durable. A ce rythme, l’Algérie figure parmi les pays les moins actifs à l’ONU. Avant le 22 février, date du début du soulèvement populaire pour le changement, les représentants de l’Algérie ne rataient aucune occasion pour prendre la parole dans le but de faire la promotion des politiques internes en matière de développement humain, de lutte contre la pauvreté et surtout de la promotion des droits politiques de la femme algérienne.

Le changement climatique, la réforme du Conseil de sécurité et la gestion des finances de l’ONU sont des sujets sur lesquels les délégués algériens prenaient la parole et proposaient des mesures concrètes. Il arrivait d’enregistrer plus de trois prises de parole par les diplomates algériens en une semaine. Une cadence qui faisait que la diplomatie algérienne était classée parmi les plus actives dans les couloirs et les salles de l’Organisation des Nations unies. 

Un dynamisme qui s’est éclipsé depuis le début du Hirak
La persistance de l’incertitude politique et l’absence d’une solution à la crise, du moins à court terme, rendent les choses plus compliquées pour les diplomates algériens qui ne savent plus quoi dire et quelle position prendre sur telle ou telle question. Contesté par la rue, le gouvernement de Noureddine Bedoui n’est plus en mesure de donner des orientations aux représentants de l’Algérie dans les différents organes de l’ONU, comme l’explique la politologue Louisa Aït Hammadouche. Pour elle, il existe trois explications au recul de la diplomatie algérienne sur la scène internationale.

La première est liée à la priorité du gouvernement. «Le gouvernement, qui trace les priorités de la diplomatie, s’occupe davantage des questions internes liées à la gestion du Hirak que des affaires diplomatiques», explique-t-elle. La deuxième explication concerne le manque de visibilité. «Les diplomates algériens n’ont plus de vision sur les questions internationales. L’incertitude politique à l’intérieur s’est répercutée sur le travail et la dynamique de la diplomatie algérienne», estime-t-elle. La dernière raison, selon la politologue, a trait à l’impopularité du gouvernement de Noureddine Bédoui : «Fortement contesté par la rue, le gouvernement ne peut plus prendre d’initiatives.»

Interrogé sur les répercussions de la baisse de la dynamique diplomatique de l’Algérie sur l’image du pays, notre interlocutrice se dit optimiste. «Le soulèvement populaire du 22 février donne une excellente image de l’Algérie à l’étranger. Des chercheurs s’intéressent depuis cette date à Algérie», affirme-t-elle avant d’ajouter que «le soulèvement populaire du 22 février a émerveillé le monde».

Toutefois, elle met en garde contre toute tentative de répression du mouvement. « La gestion pacifique des manifestations a donné une bonne image du pays à l’étranger. Si le pouvoir change d’attitude envers les manifestants, l’image de l’Algérie sera ternie », a-t-elle soutenu.