Négociations israélo-palestiniennes, un chemin semé d’embûches

Négociations israélo-palestiniennes, un chemin semé d’embûches

Deux jours après l’annonce par le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, qu’Israël et la Palestine allait reprendre les négociations de paix, les différentes parties s’interrogent toujours sur les chances de succès d’un accord. La presse israélienne s’interroge ce dimanche matin alors que les négociateurs commencent à remettre en question les conditions préalables émises par Washington. Deux conditions semblent poser problème: la libération de prisonniers et les frontières de 1967 comme base de reprise des négociations.

Pour la presse israélienne, pas de doutes, rapporte notre correspondant à Jérusalem, Michel Paul, le grand vainqueur c’est John Kerry. « Le secrétaire d’Etat américain, souligne le quotidien Ha’aretza réussi à briser la glace après plus de 3 ans, par la force de sa volonté. » Le journal estime également que le premier ministre israélien Benyamin Netanyahu est «capable de mener à bien cette nouvelle tâche», mais dans l’ensemble, le ton est au scepticisme. « Il est trop tôt pour se réjouir », souligne un commentateur, «on part du pied gauche » estime un éditorialiste de Yediot Aharonot ; ailleurs encore on parle d’un « chemin parsemé d’embûches ». Un chroniqueur qui se base sur l’expérience du passé affirme que les chances de succès sont minimes.

« Nouvelles négociations » titre Israël Hayom, journal proche du Likoud, le parti du Premier ministre israélien, mais d’ajouter aussitôt « les différents, eux, sont toujours les mêmes ». « Il y a des prix qui méritent d’être payés » affirme l’éditorialiste du journal, tandis qu’un ancien responsable des colonies de peuplement lance un cri : « Ne libérez pas des assassins ». Le quotidien des colons, Makor Rishon, veut rassurer ses lecteurs et un titre barre sa une : «Malgré la reprise du dialogue, la construction dans les colonies va se poursuivre, et même se multiplier. »

Les points d’achoppement

Au terme de sa sixième mission diplomatique en autant de mois dans la région, John Kerry a annoncé la reprise des pourparlers sans pour autant entrer dans les détails de l’accord. Mais deux conditions semblent poser problème: celle concernant la libération de prisonniers et celle qui établit que les négociations reprendront sur la base des frontières de 1967. Si la communauté internationale s’est timidement réjouie de la reprise des pourparlers de paix, ce sont ces fameuses conditions préalables qui ont très certainement refroidi l’enthousiasme des grands dirigeants du monde.

La première, qui concerne la libération de prisonniers palestiniens semble déjà compromise. Israël a certes confirmé samedi la prochaine libération de ces détenus, mais «cela ne va pas intervenir demain ni la semaine prochaine» a indiqué un responsable israélien sous couvert d’anonymat. «Les libérations pourraient n’intervenir qu’une fois les négociations entamées», a-t-il ajouté, alors que selon Washington, ces libérations sont censées être un préalables à la réouverture des pourparlers.

Les frontières de 1967

La seconde condition, concernant les frontières datant de 1967, a été tout simplement été balayée d’un revers de main par le ministre des Relations internationales israélien, Youval Steinitz. Il a indiqué que son pays ne ferait aucun compromis sur des «questions diplomatiques.» En fait cette condition n’aurait pas été précisée dans l’accord dont parlait le secrétaire d’Etat américain.

De ce fait, la réouverture de ces pourparlers reste très hypothétiques. Le négociateur palestinien Saëb Erakat et la ministre de la justice israélienne Tzipi Livni se retrouveront la semaine prochaine à Washington. On saura alors si oui ou non ces négociations, suspendues depuis septembre 2010, auront une chance de reprendre.