Benjamin Netanyahu n’a jamais fait mystère de ses objectifs au cours des cinq dernières années, allant jusqu’à consacrer un forcing et une campagne soutenue pour nouer ou renouer les liens avec les pays les moins réfractaires en Afrique et dans les pays musulmans.
Annoncée voici plusieurs mois, lors de la visite en Israël du chef de l’Etat tchadien Idriss Deby, la «visite historique» de Benjamin Netanyahu a eu lieu, hier, en même temps que l’annonce tonitruante du rétablissement des relations diplomatiques entre les deux pays. Deby justifie sa démarche par le souci de bénéficier du soutien militaire israélien dans sa lutte contre les groupes rebelles à la frontière avec la Libye et surtout les factions terroristes comme Boko Haram qui ont plongé le Tchad dans une insécurité telle qu’ils parviennent à menacer toute la partie du lac Tchad d’où partent les opérations criminelles en tous genres vers les autres pays du Sahel. Rompues en 1972, ces relations diplomatiques sont un véritable coup de poignard planté dans le dos de l’Union africaine, des pays voisins du Tchad, notamment les pays sahéliens, et bien sûr de l’OLP qui est, rappelons-le membre observateur de l’organisation panafricaine depuis de nombreuses décennies. Déjà, en novembre dernier, Idriss Deby avait fait état de ses intentions à El Qods même, fort de certains «signaux» émanant de pays membres de la Ligue arabe et il avait validé par son silence la promesse de Netanyahu qui affirmait déjà que sa visite à Ndjamena serait l’occasion «historique» pour l’annonce du rétablissement officiel des relations diplomatiques bilatérales. Benjamin Netanyahu n’a jamais fait mystère de ses objectifs au cours des cinq dernières années, allant jusqu’à consacrer un forcing et une campagne soutenue pour nouer ou renouer les liens avec les pays les moins réfractaires en Afrique et dans les pays musulmans afin d’isoler davantage l’OLP et affaiblir complètement les revendications palestiniennes d’un Etat souverain avec El Qods-Est comme capitale. L’adhésion hypocrite ou quasiment assumée de certains pays comme le Tchad ne fait que le conforter dans sa démarche. Officiellement, Israël ne cherche qu’à reprendre pied chez des Etats et des peuples qui avaient pris fait et cause pour la Palestine et le fait de revenir sur la scène africaine constitue une étape cruciale dans la stratégie de renversement des alliances. Toujours est-il que la principale motivation du chef de l’Etat tchadien Idriss Deby consiste dans son attente d’un matériel israélien sophistiqué et peut-être même de conseillers militaires pour ses troupes engagées dans une lutte difficile contre les rebelles tchadiens qui constituent une menace sérieuse pour le régime.
Deby tout comme Netanyahu avaient pris soin en novembre d’éluder farouchement les questions relatives à des accords concernant la fourniture d’armes et de coopération militaire entre les deux Etats. Mais cela n’a pas empêché des sources sécuritaires tchadiennes de révéler, quelques jours plus tard, que ces accords ont bien été conclus et qu’ils ont été, de surcroît, assortis d’un programme de travail entre les services de renseignements israéliens et tchadiens, officiellement pour combattre les rébellions dans le nord et l’est du pays. Sauf que cette donne ne peut être ignorée par les pays de la région qui ne peuvent que condamner l’initiative du chef de l’Etat tchadien, agissant au mépris des statuts et des positions de l’Union africaine qui a rejeté récemment plusieurs tentatives sournoises opérées par certains pays comme le Kenya et le Maroc afin d’introduire Israël comme membre observateur de l’organisation, aux côtés de l’OLP!
Un comble et une lâcheté quand on connaît la politique de Netanyahu dans les territoires palestiniens occupés.