Nigeria: 150 islamistes de Boko Haram tués dans un raid de l’armée

Nigeria: 150 islamistes de Boko Haram tués dans un raid de l’armée

Lagos – L’armée nigériane a affirmé mercredi avoir tué 150 militants islamistes de Boko Haram rassemblés dans un camp fortifié, le 12 septembre dans le nord-est du pays, opération la plus meurtrière revendiquée depuis le lancement mi-mai de son offensive contre Boko Haram.

Cette annonce intervient après que des médias locaux eurent fait état d’une embuscade tendue par Boko Haram contre un groupe de soldats dans la même zone, qui aurait fait 40 morts parmi les militaires et une soixantaine de disparus.



Les responsables militaires n’ont pas souhaité s’exprimer sur cette embuscade présumée de Boko Haram, se contentant d’évoquer le raid que l’armée affirme avoir mené. Les détails de cette opération militaire n’avaient pas été évoqués publiquement jusqu’à présent.

«C’était un camp fortifié des insurgés avec des armes lourdes dans l’Etat de Borno. L’armée a attaqué le camp le 12 septembre. Environ 150 terroristes de Boko Haram ont été tués, et l’armée a perdu 16 soldats. Neuf soldats sont portés disparus», a déclaré à l’AFP un porte-parole militaire, le général Ibrahim Attahiru.

La forêt de Kasiya, où était installé le camp de Boko Haram, selon l’armée, est située à environ 70 kilomètres au nord-est de la capitale de l’Etat de Borno, Maiduguri, où le groupe est né il y a plus de dix ans.

Les environs de Kasiya ont la réputation d’être une zone où sont habituellement commis de nombreux vols à main armée.

Boko Haram aurait renforcé sa présence dans cette zone isolée ces derniers mois, ont expliqué à l’AFP plusieurs personnes connaissant la région.

L’Etat de Borno est un fief des insurgés qui réclament la création d’un Etat islamique dans le nord du Nigeria. Depuis la mi-mai, l’armée mène une vaste offensive dans cette région placée sous état d’urgence, pour tenter de mettre fin à l’insurrection de Boko Haram, active depuis quatre ans.

L’armée y a notamment coupé le réseau de téléphonie mobile pour empêcher les insurgés d’organiser des attaques coordonnées. De ce fait, les informations sur les attaques sont connues tardivement et sont difficiles à vérifier.

Les habitants et les hommes politiques locaux étant généralement injoignables, les communiqués de l’armée sont la principale source d’information sur l’offensive en cours contre Boko Haram.

L’armée nigériane a revendiqué d’importants succès dans son offensive contre les insurgés, affirmant les avoir mis en déroute.

Il semblerait que les attaques de Boko Haram, qui touchaient auparavant tout le nord du Nigeria, soient désormais partiellement contenues, frappant essentiellement le nord-est, en particulier l’Etat de Borno, le fief historique du groupe.

Mais si elle était avérée, l’embuscade tendue par Boko Haram ferait douter des affirmations de l’armée selon lesquelles la capacité offensive du groupe a été réduite.

Selon des médias locaux, elle aurait eu lieu à l’extrême nord-est de l’Etat de Borno, vers la frontière tchadienne.

Citant une source militaire de haut rang, le journal nigérian Punch a affirmé que l’armée avait omis d’envoyer un soutien aérien aux soldats pris dans l’embuscade des islamistes lourdement armés.

Selon le journal, cette absence de soutien aérien a provoqué la colère des soldats qui ont tiré en l’air en signe de protestation, dénonçant une erreur stratégique et demandant pourquoi le soutien aérien initialement prévu n’avait pas été assuré.

La source militaire a affirmé au journal que l’armée nigériane avait subi de lourdes pertes depuis le début de son offensive contre Boko Haram en raison d’erreurs répétées et de problèmes de communication.

Depuis le début de l’offensive militaire, Boko Haram a été accusé d’avoir notamment tué des dizaines d’étudiants et massacré de nombreux musulmans réunis pour les prières du matin.

Des affrontements ont également opposé à plusieurs reprises les insurgés islamistes aux groupes d’auto-défense qui se sont créés dans l’Etat de Borno.

Les violences de Boko Haram et leur répression souvent brutale ont fait plus de 3.600 morts depuis 2009, selon l’ONG Human Rights Watch.

Le Nigeria, premier producteur de pétrole d’Afrique, est divisé entre un Nord à majorité musulmane et un Sud à dominante chrétienne.