Abubakar Shekau, chef du groupe islamiste Boko Haram, « est probablement décédé » après avoir été blessé par balle dans un affrontement avec des soldats, a annoncé l’armée nigériane, sans en apporter la preuve.
Depuis 2009, c’est lui qui était aux commandes du groupe islamiste Boko Haram. Sa tête était mise à prix 7 millions de dollars (5,3 millions d’euros) par Washington. Abubakar Shekau, qui serait âgé de 44 ans, aurait été blessé par balle le 30 juin au cours d’un accrochage avec des militaires près d’un camp de Boko Haram situé dans la forêt de Sambisa, dans le nord-est du Nigeria. Transporté clandestinement au Cameroun voisin pour y être soigné, « le chef des terroristes de Boko Haram le plus redouté et le plus recherché est probablement décédé » des suites de ses blessures, a annoncé l’armée nigériane dans un communiqué publié lundi 19 août.
En attente de confirmation
« Il est très probable que Shekau soit mort entre le 25 juillet et le 3 août », affirme le communiqué, signé du lieutenant-colonel Sagir Musa, porte-parole de la force spéciale qui opère dans le nord-est du Nigeria contre Boko Haram. Cependant le porte-parole national de l’armée, le général Chris Olukolade, interrogé par l’AFP, a précisé que les forces de sécurité cherchaient encore à confirmer de manière définitive la mort de Shekau. « Nous sommes en contact avec nos hommes sur le terrain pour essayer d’avoir confirmation », a-t-il déclaré. L’armée nigériane mène depuis mai une vaste offensive contre Boko Haram dans ses fiefs du nord-est où l’état d’urgence a été déclaré.
Dans une vidéo transmise à l’AFP le 12 août, Shekau revendiquait de récentes attaques meurtrières contre les forces de sécurité dans le nord-est du pays et affirmait être « en bonne santé ». « Vous n’avez pas tué Shekau », lançait-il à l’adresse des forces armées. Mais la date d’enregistrement de ce film n’était pas précisée. Selon l’armée, cette vidéo est un « faux » : « [Elle] a été jouée par un imposteur pour tromper ses membres afin qu’ils poursuivent le terrorisme et pour duper les esprits crédules », affirme le communiqué publié ce lundi. Le 14 août, l’armée nigériane avait affirmé avoir tué au début du mois le numéro 2 de Boko Haram, Momodu Bama, dans la ville de Bama, dans l’État de Borno.
Déjà donné pour mort par le passé
Abubakar Shekau avait déjà été donné pour mort par la police en 2009 lors d’une précédente offensive d’ampleur des forces de sécurité nigérianes contre Boko Haram, qui avait abouti à la mort de son chef d’alors, Mohammed Yousouf, capturé et tué. Mais Shekau était réapparu plus tard dans une vidéo, ayant pris la tête de la rébellion. Si sa mort pourrait porter un coup important aux campagnes de Boko Haram, le groupe est constitué de plusieurs factions sans structure dirigeante homogène. Des groupes dérivés, comme Ansaru, lié à Al-Qaïda, qui a revendiqué l’enlèvement et l’assassinat d’Occidentaux, sont supposés opérer indépendamment.
Boko Haram rejette tout dialogue avec le gouvernement du président Goodluck Jonathan et affirme combattre pour la création d’un État islamique dans le nord du Nigeria. Il a multiplié les attaques meurtrières, ciblant aussi bien les forces de sécurité que la population. Depuis 2009, les violences de Boko Haram et leur répression souvent brutale ont fait 3 600 morts dans le pays, selon l’ONG Human Rights Watch.