Cinq institutions de l’UE vont changer de tête au cours des prochains mois : le Parlement début juillet, la Commission, le haut représentant pour la diplomatie et la Banque centrale européenne en novembre, le Conseil début décembre.
Les tractations pour désigner les nouveaux dirigeants des institutions européennes ont commencé hier soir entre les chefs d’État et au Parlement européen, engagés dans une lutte de pouvoir à l’issue incertaine. Le président du Conseil, le Polonais Donald Tusk, va lancer ces consultations au cours d’un sommet extraordinaire organisé pour tirer les leçons des élections européennes. Il aura moins d’un mois pour trouver un accord avec le Parlement avant le sommet des 20 et 21 juin. La droite pro-européenne du Parti populaire européen (PPE) revendique la présidence de l’exécutif bruxellois pour son prétendant, le Bavarois Manfred Weber. “Nous avons gagné les élections et ce sera le +Spitzenkandidat+ (chef de file, ndlr) du PPE, Manfred Weber, (qui sera) président de la Commission”, a soutenu dès dimanche soir Joseph Daul, le président du PPE, lors de la soirée électorale. Le PPE va réunir ses instances et sept des huit chefs d’État et de gouvernement de la famille pour afficher son soutien à Weber, avant le sommet extraordinaire. “Manfred Weber est en position de leader et nous l’aiderons à obtenir une majorité au Parlement européen”, a annoncé lundi la présidente du parti conservateur allemand CDU, Annegret Kramp-Karrenbauer. Mais le PPE est affaibli.
Il a perdu 40 sièges, dont 29 abandonnés par la CDU-CSU, et le chancelier autrichien Sebastian Kurz a été renversé lundi. Suspendu par le parti, le huitième dirigeant, le Hongrois Viktor Orban, est pour sa part hostile à Manfred Weber. Plusieurs dirigeants vont tenter de convaincre le PPE de renoncer à son candidat pour éviter une crise. Le Français Emmanuel Macron mène la rébellion, mais il est lui aussi sorti affaibli de l’élection européenne. “Macron a perdu son combat contre Marine Le Pen”, n’ont pas manqué de souligner plusieurs responsables du PPE, interrogés par l’AFP. Pour composer cette nouvelle majorité, Emmanuel Macron compte sur les soutiens des huit chefs d’État et de gouvernement de la famille libérale et il va chercher l’appui des cinq dirigeants socialistes.
Il a dîné lundi soir à Paris avec leur chef de file, le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez, sorti vainqueur du scrutin. Madrid s’est dit prêt à former l’alliance entre les socialistes et les libéraux européens qu’appelle de ses vœux le président français. Emmanuel Macron doit aussi s’entretenir avant le sommet européen avec Angela Merkel, qui a soutenu Manfred Weber pendant la campagne mais qui n’est pas favorable au système de “Spitzenkandidat”. Cinq institutions de l’UE vont changer de tête au cours des prochains mois: le Parlement début juillet, la Commission, le Haut Représentant pour la diplomatie et la Banque centrale européenne en novembre, le Conseil début décembre. Un mécano qui doit être un savant dosage entre grands et petits pays, Est et Ouest et parité homme/femme.
R. I.