Noureddine Bedoui à la tête d’un gouvernement «clandestin»: La solitude d’un Premier ministre

Noureddine Bedoui à la tête d’un gouvernement «clandestin»: La solitude d’un Premier ministre

Par Brahim TAKHEROUBT 

On se retrouve alors dans une situation inédite dans l’histoire du pays où Bedoui est à la tête d’un gouvernement quasi clandestin.

Pas d’apparitions publiques, pas de déclarations et pas de sorties sur le terrain. Esseulé, réduit au silence par une conjoncture politique et sociale très défavorable, le Premier ministre, Noureddine Bedoui est dans un splendide isolement. Sa dernière apparition publique remonte au 9 mai dernier quand il a été reçu au siège de la présidence de la République par le chef de l’Etat, Abdelkader Bensalah. Lors de cette audience, qui a porté sur «l’examen de la situation politique et économique du pays», M. Bedoui «a présenté un exposé exhaustif sur les principales mesures prises par le gouvernement conformément aux orientations du chef de l’Etat, particulièrement en ce qui concerne la disponibilité des produits alimentaires de large consommation durant tout le mois de Ramadhan et la redynamisation du mécanisme des marchés de proximité», indique un communiqué de la présidence de la République. Nommé Premier ministre le 11 mars dernier, en remplacement d’Ahmed Ouyahia, il a été chargé par l’ex-Président Bouteflika de former son gouvernement, il a eu toutes les peines du monde à constituer son Exécutif.

Il a promis une équipe de technocrates pour répondre à la contestation populaire demandant le départ de tout le régime, il aura fallu près de trois semaines avant qu’intervienne l’annonce d’un nouveau gouvernement. Il tente vaille que vaille de créer un climat de sérénité tout en assurant les affaires courantes mais la tâche semble d’une extrême complexité. Pour sa première visite de terrain, le 14 avril dernier, à Béchar, le ministre de l’Intérieur, Salah-Eddine Dahmoune, a été chassé par des manifestants en furie. Le ministre de l’Energie a eu droit au même traitement, le ministre de l’Education nationale a été boycotté par les syndicats du secteur qui étaient invités pour préparer l’épreuve du baccalauréat. Ils n’étaient pas les seuls à subir la colère des citoyens. Les membres du gouvernement sont systématiquement chassés et rejetés par les populations partout sur le territoire national. Les détracteurs de Bedoui ne manquent pas d’arguments. A leurs yeux, il est une des icônes du régime décrié. Il a le triste privilège d’être l’architecte de la fraude d’abord en tant que wali, ensuite en tant que ministre de l’Intérieur. Il a à son actif également, un traitement policier de plusieurs manifestations dont celle des violences réprimées par la police. La marche des retraités de l’armée et des enseignants n’ont pas échappé à la marque sous l’ère du premier policier du pays, Noureddine Bedoui.

S’il est vrai que la mission première d’un gouvernement est, quelles que soient les circonstances, de mettre en oeuvre son programme sur le terrain et d’en assurer le suivi permanent, la tâche s’avère impossible pour l’équipe de Bedoui. Cerné de toutes parts, ce gouvernement est désormais incapable de continuer à gérer, même les affaires courantes. On se retrouve alors dans une situation inédite dans l’histoire du pays où Bedoui est à la tête d’un gouvernement quasi clandestin.