Nouria Benghebrit, considère que les résultats du secteur de l’éducation, tels qu’ils s’expriment sur le terrain, sont en disproportion avec les colossaux investissements injectés.
La ministre de l’Education, Nouria Benghebrit, en visite, hier, à Bejaïa, a relevé devant les directeurs d’établissement et les inspecteurs de l’éducation que si les taux de réussite dans la wilaya sont supérieurs à la moyenne nationale, il n’en demeure pas moins que le secteur connaît une instabilité qui porte atteinte aux principes de l’égalité des chances et de l’équité entre tous les élèves. Cette instabilité s’exprime, selon elle, à travers deux indicateurs qui sont le taux de redoublement, supérieur au taux national, et la généralisation de la pratique des cours de soutien payants.
Elle estime qu’il y a lieu d’abord de trouver comment articuler au mieux le droit à la grève à celui à l’éducation qui sont tous deux reconnus constitutionnellement et appelle en conséquence à une réflexion avec tous les acteurs concernés. Nouria Benghebrit, qui insère cette problématique dans un cadre plus large, considère que les résultats du secteur de l’éducation, tels qu’ils s’expriment sur le terrain, sont en disproportion avec les colossaux investissements injectés. Les premiers remèdes qu’elle compte administrer consiste en l’utilisation efficace des ressources humaines et matérielles, en s’appuyant sur une meilleure formation des cadres du secteur et la réforme des modes de gestion, à travers une plus grande liberté d’initiative au niveau local et le primat donné au pédagogique. Dans cette optique, les enseignants gagneront en autonomie dans l’organisation de l’exécution du programme d’enseignement, tout en annonçant dans la foulée l’abandon des méthodes pavloviennes ayant cours jusque-là.
La ministre de l’éducation a également souligné la nécessité de remédier au problème du redoublement, qui a pris une proportion inquiétante, et rappelé les décisions de généraliser le préscolaire, de développer l’enseignement de tamazight et, pour alléger les programmes, a annoncé que les élèves du primaire n’auront plus que deux livres, l’un regroupant les matières scientifiques et l’autre les sciences humaines. A l’adresse des syndicats, Benghebrit s’est engagée à être la porte-parole de leurs intérêts, mais qu’il y a lieu également de protéger ceux des élèves. Nouria Benghebrit, à laquelle on a fait remarquer que c’est la première fois, depuis une décennie, qu’un ministre de l’Education nationale visite la wilaya de Bejaïa, s’est également adressée aux présidents d’APC auxquels elle a rappelé que son département, en coordination avec celui de l’Intérieur et des Collectivités locales, s’efforce de lever toutes les contraintes liées à la réalisation et l’équipement des infrastructures scolaires, tout en rappelant que le problème n’est pas lié aux moyens mais à la formation de la ressource humaine et la gouvernance des établissements qu’il s’agit d’orienter vers plus d’efficacité pour améliorer les conditions de scolarisation des élèves. Lors d’une conférence de presse, la ministre a reconnu que l’enseignement de tamazight connaît un recul, qu’elle qualifie toutefois d’« apparent » car, si le nombre de wilayas où est enseigné cette langue s’est réduit, le nombre d’élèves, par contre, dit-elle, a quadruplé.
Elle ajoute que cet enseignement sera renforcé et qu’il constituera à l’avenir un indicateur d’évaluation des performances des directeurs de l’éducation, précisant également que toutes les demandes en matière de besoins d’enseignants formulées dans le cadre de la carte scolaire ont été satisfaites. Elle estime toutefois que la société civile doit s’impliquer davantage pour que les populations soient en demande de cet enseignement et qu’il est important de ne pas le cantonner aux régions berbérophones, indiquant que, dans un souci d’équité vis-à-vis des élèves, la scolarisation s’appuiera à l’avenir sur la langue maternelle. Concernant l’actuelle opération de recrutement d’enseignants (19.000 postes pour 500.000 demandes au niveau national, 439 postes pour 21.330 demandes à Bejaïa), la ministre a déclaré que les listes des candidats retenus ne seront publiées qu’après l’aval de la Fonction publique, annonçant qu’à partir de l’année prochaine, les postulants seront astreints à un examen écrit. Nouria Benghebrit estime, d’autre part, que la surcharge des classes est toute relative, comparativement à des pays comme l’Egypte ou la Jordanie, et que le cheval de bataille de son département est la professionnalisation des enseignants. Durant sa visite, la ministre de l’Education a pris connaissance, sur les lieux, de l’état d’avancement des lycées de type 1000/300 en construction à Souk El Tenine et Sid Ali Lebhar et suivi un exposé sur la situation de son secteur dans la wilaya. Elle a également inauguré le nouveau siège de la direction de l’éducation et un centre médical relevant de son secteur, et visité le centre d’examen pour le recrutement d’enseignants où elle s’est entretenue avec quelques candidats.